Mondial 2006 (Les News)

Pologne - Equateur : 0-2

L'Equateur a démenti tous les paradoxes en battant la Pologne (2-0) vendredi soir, ce qui lui donne la deuxième place du groupe derrière l'Allemagne. Dans un stade de Gelsenkirchen rempli aux trois quarts par les supporters adverses, les hommes de Suarez ont contredit ceux qui les disaient mauvais voyageurs, alors qu'ils avaient conquis leur qualification pratiquement à domicile, en altitude. Ils ont déjugé ceux qui jugeaient leur organisation stéréotypée : en première mi-temps, l'agressivité était pourtant du côté sud-américain et le manque de diversité dans le jeu du côté polonais. Ce résultat est aussi une gifle sévère pour le sélectionneur polonais et ses choix téméraires. Pour ce tournoi, Pawel Janas s'est en effet privé du gardien de Liverpool Jerzy Dudek et de l'attaquant Tomasz Frankowski (7 buts en qualification).



Contrairement à leur unique confrontation directe en novembre dernier, où ils s'étaient noyés face à leurs adversaires (0-3), les Condors déclenchaient les premières frappes cadrées et surtout ouvraient la marque à la 24e minute suite à une série de deux têtes successives, pourtant leur point faible présumé. Sur une touche de De La Cruz, Delgado détournait sur Carlos Tenorio qui trompait Boruc d'une belle tête décroisée. Le buteur manquait de doubler la marque dans la foulée. Isolé aux 6 mètres, son tir passait au-dessus de la barre adverse.

Delgado passeur puis buteur
Après la mi-temps, les Polonais prenaient logiquement plus d'initiative face à un bloc équatorien relativement bas et en retrait physiquement. Lancé en profondeur, Krzynowek égalisait d'une puissante frappe croisée mais voyait son but refusé pour un hors-jeu imaginaire. Les supporters polonais n'auront pas l'occasion d'exulter. Sur un mouvement en triange initié par le remplaçant Kaviedes, Delgado creusait un écart décisif. Le baroud d'honnneur polonais n'en était que plus décevant, à l'image de ces deux frappes qui touchaient les montants du gardien Cristian Mora.

Elu joueur du match pour son but et sa passe décisive, Delgado reconnaissait l'avantage pris par les siens dans son équipe : «Les deux buts ont récompensé notre travail. Nous avons fait un grand pas en avant.» Présentée comme la principale concurrente de l'Allemagne, la Pologne se retrouve à la dernière place avant d'affronter le pays organisateur mercredi. «Nous ne sommes dans une situation difficile, a reconnu Pawel Janas. Nous avons été battus émotionnellement et physiquement.» L'Equateur pourrait valider son ticket pour les huitièmes dès le lendemain contre le Costa Rica.

L'ARGENTINE AU MÉTIER

Face à l'enthousiasme de la Côte d'Ivoire qui découvrait la Coupe du monde, l'Argentine a montré sa supériorité tactique pour s'imposer (2-1), grâce à Crespo et Saviola, et prend une option dans le «groupe de la mort».

Riquelme dicte le jeu et offre deux buts
Pour ce premier match du groupe de tous les dangers à Hambourg, l'écart technique entre l'Argentine et la Côte d'Ivoire était minime. En témoigne ce petit pont de Javier Saviola sur Arthur Boka répondant parfaitement aux dribbles dans les petits espaces de Bonaventure Kalou. Tout aussi infime était la différence de condition physique entre les deux équipes. Tranchants, les Eléphants ont impressionné dès le début de la rencontre par les chevauchées endiablées de Kanga Akale sur le flanc gauche ou Yahia Touré dans l'axe mais à l'image du jeune Javier Mascherano (21 ans), les milieux de l'albiceleste couvraient un terrain tout aussi impressionnant. Néanmoins, c'est un gouffre qui sépare la sélection d'Henri Michel et celle de José Pekerman quant à l'expérience et qui peut se résumer par les deux titres de champion du monde de cette dernière. Comme les deux buts d'écarts entre les deux équipes à la mi-temps.

Si les occasions se sont équilibrées tout au long des 90 minutes, Juan Pablo Sorin et ses coéquipiers ont su faire parler le métier en première période et montrer leur supériorité tactique. A la 23e minute, Riquelme obtenait un coup franc sur une action anodine. Son centre rebondissait sur le dos de Didier Drogba. Hernan Crespo en profitait en embuscade pour ouvrir le score et marquer un point dans le duel entre attaquants de Chelsea. Si Riquelme est un joueur aux prestations cycliques, ses supporters ont pu compter sur un meneur de jeu en pleine maîtrise, à l'image de cette ouverture millimétrée sur Saviola pour le break à la 36e minute (2-0) ou de son nouveau coup franc frôlant les montants adverses (53e).

Didier Drogba trop tard
Si les Ivoiriens ont péché par naïveté face à une défense argentine intransigeante, où Heinze et Ayala ont su museler Drogba et Kalou, ils disposent aussi d'un enthousiasme et de joyaux techniques qui peuvent faire trembler les plus grandes équipes. D'abord sporadiques en première mi-temps, au rythme des incursions de Keita ou des débordements d'Akalé, les vagues ivoiriennes devenaient de plus en plus fréquentes sur le but d'Abbondanzieri après la pause. Volontaire, le capitaine Didier Drogba créait beaucoup d'occasions (reprise détournée à la 31e, remise sur Keita dont la tête échouait dans les bras du gardien adverse à la 34e) et profitait d'un bloc défensif argentin de plus en plus bas.

Dynamisée par l'entrée en jeu des deux Koné (Baki et Aruna), l'attaque ivoirienne réduisait la marque logiquement par son capitaine d'une belle reprise du gauche après une succession de centres. Mais la fougue ivoirienne ne pouvait définitivement rien face à l'expérience des Argentins, maîtres dans l'art de gagner du temps puis d'assommer l'adversaire au moment le plus inattendu. Le match aurait pu être plié sur un but de Palacio, refusé pour hors-jeu. Cette ultime action a surtout permis de noter la fébrilité de Jean-Jacques Tizié, auteur d'une nouvelle faute de mains sur l'action. Le gardien avait d'ailleurs failli offrir le premier but sur un corner mal maîtrisé en début de rencontre. Heureusement, Didier Drogba avait prévenu : «Pour être champion du monde, on n'a pas besoin de gagner tous les matches.»

LES MATCHES DE DIMANCHE

Trois matches ont eu lieu dimanche. Dans le groupe C, les Pays-Bas défient la Serbie-Monténégro (15h). Place ensuite au groupe D et à Mexique - Iran (18h). En soirée, le Portugal fait son entrée dans la compétition face à l'Angola (21h).

courte victoire des Pays-Bas sur la Serbie

Les Pays-Bas ont rejoint dimanche l'Argentine en tête du groupe C de la Coupe du monde grâce à leur victoire 1-0 sur la Serbie-et-Monténégro pour leur entrée dans la compétition.

Les jeunes Néerlandais ont profité de la débauche d'énergie d'Arjen Robben, auteur du but victorieux et danger permanent pour la défense serbe, afin de prendre trois points précieux dans une poule présentée comme la plus difficile du tournoi.

Ils affronteront la Côte d'Ivoire, vaincue 2-1 par les Argentins samedi, lors de leur prochain match vendredi.

Après un début de match équilibré, où les occasions de but les plus franches sont tout de même pour la Serbie, les Néerlandais prennent de vitesse la défense serbe en contre.

D'une touche de balle en extension, Robbie van Persie lance Arjen Robben plein axe à la limite du hors-jeu. L'attaquant de Chelsea se présente seul face Dragoslav Jevric et glisse le ballon sous le ventre du gardien serbe (18e).

L'ailier gauche néerlandais est encore dangereux à la 37e minute sur une frappe vicieuse qui frôle le poteau.

Le match reste équilibré mais, à l'image de Robben, les Pays-Bas se projettent plus rapidement vers l'avant dès la récupération du ballon et se créent ainsi les occasions les plus dangereuses.

Dans la chaleur et sous le soleil, la deuxième mi-temps est plus hachée. Arjen Robben est toujours aussi entreprenant pour les Néerlandais tandis que les Serbes, malgré l'entrée en jeu de leurs remplaçants, tombent dans un jeu brouillon et ne parviennent pas à revenir au score.

CM - TUN : Lemerre prolonge, Santos remis

Roger Lemerre entraînera la Tunisie jusqu'en 2008. L'ancien patron des Bleus s'est engagé dimanche pour un nouveau bail de deux ans avec une option supplémentaire de la même durée. Le technicien français est la tête de la sélection nord-africaine depuis 2002.

Interrogé sur la question de savoir s'il n'était pas un peu risqué de resigner avec lui avant même que la Tunisie n'entre dans la compétition, le président de la fédération tunisienne a répondu que c'est le travail accompli depuis quatre ans par Roger Lemerre qui l'a convaincu de le maintenir à son poste. On se souvient que Lemerre avait prolongé à la tête de l'équipe de France en 2002 juste avant le fiasco que l'on sait.

Autre information dimanche concernant la Tunisie : le rétablissement de Santos. L'attaquant toulousain s'est remis d'un problème au tibia. Il sera trop juste pour être aligné contre l'Arabie Saoudite (mercredi 14, 18h00) mais apte à jouer le deuxième match de la Tunisie contre l'Espagne (lundi 19, 21h00).

Mexique - Iran 3-1

L'équipe d'Iran pourra avoir des regrets concernant ce match perdu contre le Mexique.

L'Iran a resisté longtemps contre le Mexique, mais au final, ils ont perdu 3-1.

Le Mexique avait ouvert le score à la 27eme minute, mais l'Iran a resisté et égalisé à la 35eme. Longtemps dans ce match, l'une équipe comme l'autre aurait pu prendre l'avantage et le gagner. C'est le Mexique qui a marqué ensuite à la 74eme pour le deuxième but de Bravo. Sous le coup, l'équipe d'Iran encaisse alors encore un but à la 78eme minute. Une fois de plus, un favori gagne sans trop convaincre.

Buts pour le Mexique : Bravo (27eme), Bravo (74eme), Naelson Sinha (78eme)

But pour l'Iran : Golmohammadi (35eme)

ANGOLA- PORTUGAL 0-1

Le Portugal a rompu avec ses mauvaises habitudes en démarrant son tournoi par une victoire (1-0), contre l'Angola. Mais seul Pauleta, dès la 3e minute, a trouvé la faille contre les Palancas Negras, débutants à ce niveau.

beau match de l'Angola et de la cote d'Ivoire en attendant la Tunisie ...

AUSTRALIE 3-1 JAPON

DES AUSSIES RENVERSANTS
Menée par le Japon pendant une heure après une erreur de son gardien Mark Schwarzer, l'Australie inscrit trois buts entre la 86e et la 93e minute, dont un doublé de Tim Cahill, et remporte son premier match en Coupe du monde (3-1). Dans un groupe F où le Brésil fait office de favori et la Croatie d'outsider, l'équipe de Guus Hiddink s'offre un avenir in extremis.

Première période : Koller buteur malheureux

A l'instant de regagner leur camp retranché d'Aerzen, à 60 kilomètres d'Hanovre, Raymond Domenech et ses joueurs seraient bien inspirés de visionner les comptes-rendus des premiers matches de la Coupe du monde. Les favoris de chaque groupe ont ainsi pris l'habitude de démarrer leur rencontre pied au plancher avant de gérer la suite des opérations. L'Angleterre, les Pays-Bas, le Portugal et désormais la République tchèque ont mis en pratique une excellente manière de s'éviter une pression inutile.

Pour la première de Nedved en Coupe du monde, les Tchèques n'ont guère laisse le doute les envahir. Un centre de Grygera sur l'Empire State Building local, Koller, offrait un coup de tête rageur pour une ouverture du score expéditive (5e). Dans un 4-5-1 bien mal équilibré en début de match, les coéquipiers de Rosicky s'offraient la plus belle entrée en matière possible devant des Américains lourds défensivement et en manque cruel de cohésion collective. Même si Claudio Reyna tentait de remettre le vaisseau étoilé sur des flots bien houleux, les inspirations venaient souvent de l'Est. Mais le football moderne a cela de coutumier, c'est qu'il offre désormais des matches où dominer n'est pas gagner. Les USA l'ont appris à leurs dépens, en première période, en s'évertuant à faire tourner le ballon (64% de possession du cuir après 30 minutes de jeu).

Une frappe de Reyna viendra bien inquiéter la grande carcasse de Cech (28e) en s'écrasant sur le poteau, la maîtrise technique du duo Nedved-Rosicky fait des merveilles. Le tir de ce dernier ne laisse d'ailleurs place qu'à 'un frisson d'admiration en venant se loger dans la lucarne gauche de Keller (34e). Les hommes de l'oncle Sam peuvent légitimement accuser le coup. Deux inspirations venaient de réduire à néant tout le travail tactique mis en place par Bruce Arena, le sélectionneur américain. Le scénario ne pouvait être meilleur pour Nedved and Co. Une avance confortable entachée par la blessure à la cuisse du géant Koller peu avant la pause alors que tout était cousu de fil blanc.

Seconde période : Les Tchèques gèrent

La suite ne sera finalement qu'une longue et inexorable course poursuite vouée à l'échec du côté américain. Les Tchèques se contentant de quadriller parfaitement l'entrejeu, les occasions se comptent sur les doigts d'une main. Une bonne frappe de Rosicky (67e), encore lui, fera passer un frisson dans le dos du portier de la bannière étoilée avant que Johnson (70e) ne réponde timidement en prenant sa chance de loin.

Mais un homme avait décidé d'éclabousser de sa classe la rencontre. Thomas Rosicky, successeur dans les coeurs tchèques de Nedved, le meneur de jeu lutin a donné la migraine à l'arrière garde américaine. Jeu en remise, accélérations, frappes de balle, extérieurs du pied, le récital n'a pu qu'enchanter Arsène Wenger qui le récupèrera à Arsenal en août prochain. Et c'est encore sur un raid solitaire qu'il se permettra le luxe de crucifier Keller d'une frappe de l'extérieur du droit dans la lucarne opposée. Le récital pouvait prendre fin sur cette symphonie mélodieuse du meneur de jeu.

L'entrée dans la compétition ne pouvait mieux débuter pour la République tchèque. Si la blessure de Koller, claquage sans aucun doute, va inquiéter le staff, la performance d'ensemble ne souffre d'aucune contestation. A l'inverse, les Américains vont devoir retrouver plus d'assise défensive avant d'envisager autre chose dans cette Coupe du monde. Début de réponse dimanche prochain pour les prochains matches de ces deux équipes.

LES TCHÈQUES ASSURENT

En ouverture du groupe E, la République tchèque n'a pas manqué ses débuts en battant les Etats-Unis (3-0). Les Tchèques ont dominé de bout en bout une équipe américaine sans ressort. Seule ombre au tableau pour la Reprezentace, Koller s'est claqué. A 21h00, suivez en direct le deuxième match de ce groupe avec l'Italie qui affronte le Ghana.

L'Italie n'a pas tremblé

Impressionnante lors des matches de préparation avec des victoires probantes contre l'Allemagne (4-1) et les Pays-Bas (3-1) notamment, la formation italienne avait à coeur de bien rentrer dans la Coupe du monde, afin d'évacuer au plus vite les suspicions entourant son Calcio, ainsi que la pression populaire après ses échecs à la Coupe du monde 2002 (1/8e de finale) et à l'Euro 2004 (1er tour). C'est chose faite, la Squadra Azzurra a bien démarré en battant le Ghana lundi (2-0) lors de son premier match du groupe E. Les Italiens sont deuxièmes du groupe derrière les Tchèques, nets vainqueurs face aux Etats-Unis (3-0).

Soucieuse de bien faire tourner et conserver le ballon dans un entrejeu ou Totti, Perrotta et De Rossi ont débuté en lieu et place de Del Piero, Camoranesi et Gattuso (blessé), l'équipe de Marcello Lippi, positionnée en 4-3-1-2, rentre dans le match en se procurant deux bonnes occasions coup sur coup. Sur un centre de Perrotta de la droite, Toni puis Gilardino se jettent mais ne peuvent reprendre (14e). La partie se joue ensuite sur un faux rythme, avant que Toni ne vienne fracasser la barre transversale de Kingston d'une demi-volée puissante à l'entrée de la surface de réparation, réveillant subitement les 46.000 personnes présentes dans le stade.

Le dixième corner a payé
Emmenés par un Essien en position de meneur de jeu, les Black Stars ne déméritent pas dans cette première demi-heure, bien au contraire. Présents dans les duels, ils ont même semé la panique au sein de la charnière Cannavaro-Nesta à plusieurs reprises (Amoah à la 29e, Essien à la 31e, Pappoe à la 32e), mais sans réalisme. Comme souvent dans ce genre de situation, qui plus est avec les Italiens en face, l'addition se paie cash, et cette fois-ci peu avant la mi-temps, au pire moment pour eux. Le dixième corner de la période obtenu par les Italiens sera le bon. Totti passe court en retrait pour Pirlo qui adresse une frappe flottante à mi-hauteur qui vient se loger dans le petit filet gauche d'un Kingston moyennement rassurant depuis l'entame (40e). La Squadra Azzurra regagne le vestiaire sous les «Forza Italia» des nombreux tifosi présents à Hanovre et avec une confiance accrue après ce but assassin et une première période dynamique et plus offensive qu'à l'accoutumée.

Le but assassin à cinq minutes de la fin
Après la pause, les Italiens sont revenus sur la pelouse «piano-piano», s'exerçant à leur jeu favori : celui d'attendre et d'endormir l'adversaire pour mieux le contrer. Sans pour autant jouer leur légendaire «catenaccio», les Azzurri sortent moins, à part sur les contres, le duo Toni-Gilardino pesant toujours sur la défense, exploitant bien les espaces et n'hésitant pas à s'excentrer ou croiser leurs courses. Le chronomètre coule, les Ghanéens monopolisent le ballon, mais ne s'approche plus de la cage de Buffon. Survient alors le tournant du match : De Rossi pousse Gyan dans la surface, mais l'arbitre ne dit rien (72e), laissant les pauvres Ghanéens sur leur faim, eux qui n'ont cadrés que deux tirs dans le match.

Marcello Lippi décide ensuite de fermer son milieu en sortant Totti pour Camoranesi, avant de rentrer Iaquinta puis Del Piero devant. Coaching payant puisqu'à cinq minutes de la fin, les Italiens profitent d'une erreur du pourtant expérimenté Kuffour. Sa passe en retrait trop molle profite à Iaquinta qui dribble Kingston à l'intérieur et pousse du gauche dans le but vide. Les «Brésiliens d'Afrique», convaincus d'être les révélations de ce tournoi, ont subi la dure loi de l'expérience d'un triple champion du monde bien en place et à l'effectif bien fourni, qui a su tuer la partie dans les cinq dernières minutes de chaque période.

KAKA BRILLE, RONALDO S'ETEINT

Si le Brésil n'a pas franchement convaincu pour son premier match, il a tout de même gagné mardi contre la Croatie (1-0). La Seleçao doit sa victoire à son milieu de terrain Kaka, omniprésent et buteur. Ronaldo, lui, était ailleurs.

Kaka étincelant, Ronaldo absent
De l'avis unanime de la presse brésilienne, la Seleçao a mal joué mardi soir contre la Croatie malgré la victoire qui a accompagné son entrée dans le tournoi (1-0). Face à des Croates déterminés, son carré magique a eu du mal à accorder ses violons. Ronaldo et Adriano ont été transparents et Ronaldinho était loin de son meilleur niveau. Heureusement à Berlin, l'étoile Kaka a brillé. Incontestablement le meilleur joueur brésilien durant les matches de préparation, le joueur de l'AC Milan a, contre la Croatie, inscrit un but magnifique, celui de la victoire, et a été élu homme du match. «Je suis heureux que nous ayons gagné. J'ai fait une bonne partie et eu la chance de marquer. Mais il était surtout important de remporter ce premier match», a relativisé Kaka. Le Milanais semble bien parti pour donner raison à son sélectionneur Carlos Alberto Parreira qui a parié avant le début de la compétition qu'il serait le meilleur joueur du tournoi. En revanche, la déception est grande concernant Ronaldo. L'attaquant du Real Madrid, malgré tous les problèmes qu'il a connus lors de la préparation, avait promis d'être à l'heure au premier rendez-vous. Il n'en fut rien. Sur la pelouse de l'Olympiastadion, «El Fenomeno» a traîné sa peine et le défenseur croate Robert Kovac a même avoué que le marquage sur Ronaldo avait été «très facile».

Les statistiques sont éloquentes et corroborent les propos, un brin provocateurs, du défenseur de la Juventus Turin. En 68 minutes de jeu, il fut ensuite remplacé par Robinho sous les huées du public, Ronaldo n'a même pas touché 20 ballons. Sur les 19 reçus, il en a donnés 11 et en a perdus 8. Avec un temps de jeu certes un peu plus conséquent, Adriano, qui n'a pas non plus survolé les débats, en a touché 33, Kaka 66 et Ronaldinho 96 ! Le Madrilène ne s'est véritablement illustré qu'une seule fois au cours de la partie sur une frappe de 20 mètres qui passa au-dessus (56e).

Parreira enchanté par Ronaldinho
Face à cette infamie, Carlos Alberto Parreira ne désarme pas et entend bien maintenir sa confiance au joueur : « Ronaldo n'a pas joué depuis deux mois. Il va atteindre son niveau de forme optimal durant le tournoi, j'en suis persuadé. Il va commencer le match contre l'Australie, c'est un joueur important qui a besoin de disputer des matches». Robinho a donc encore de belles heures à cirer le banc malgré ses bons automatismes avec Adriano, testés avec succès il y a un an lors de la Coupe des confédérations et confirmés mardi lors des 25 dernières minutes.

Sur Ronaldinho, Parreira a paru enchanté malgré les difficultés du Catalan à se défaire du marquage serré de Simic et Srna. «Il a certes été très surveillé mais il a cherché le jeu et a créé de bonnes phases. Je trouve qu'il a bien joué. Il le fait toujours avec joie même quand c'est moins facile». Mais même en jouant «mal», la Seleçao a gagné là où elle était très attendue et dégagé du même coup son horizon afin d'accéder sans frémir au second tour de la compétition. A Berlin, le Brésil a également battu un nouveau record, celui du nombre de victoires d'affilée dans une phase finale de Coupe du monde (8). En attendant ceux prévus de Ronaldo, à la recherche du titre de meilleur buteur en Coupe du monde, et Cafu, qui pourrait devenir le premier joueur à disputer quatre finales.

Si sur le papier, le Groupe H semblait le plus faible du premier tour de la Coupe du monde, cette impression a volé en éclat par la grâce de l'Espagne, étourdissante de talent et d'efficacité face à l'Ukraine mercredi à Leipzig (4-0). Si cette victoire, la plus large à ce jour dans ce Mondial, n'efface pas d'un coup, d'un seul des années d'échec dans l'épreuve pour les Espagnols, elle est la promesse de lendemains qui chantent, et sûrement très rapidement. D'autant que leurs adversaires du jour, réduits injustement à dix peu après la mi-temps, totalement sonnés par la suite , ont bien pu compter sur Andreï Chevtchenko, peu sollicité au final.

Preuve de la profondeur du réservoir espagnol, Le sélectionneur Luis Aragones avait décidé de se priver au coup de sifflet initial de Raul - ce qui était prévu - mais aussi de Fabregas - ce qui l'était un peu moins. Sans son très jeune meneur de jeu (19 ans et un mois), titulaire pour Arsenal en finale de la Ligue des champions (ce qui n'offre aucun avantage, confer Ludovic Giuly), le onze de base comptait tout de même sept joueurs nés dans les années 1980. Le jeu en était logiquement plus vif qu'ailleurs, à tout hasard à Stuttgart, mais aussi plus inspiré, en deux mots plus émouvant . D'appels en dédoublements avec trois milieux pressant très haut, de triangles en frappes cadrées, souvent par l'excellent Brésilien naturalisé de Villarreal Marcos Senna, les Espagnols ont offert une démonstration, entre rigueur et liberté.

Et si la première occasion était ukrainienne, une tête au dessus du défenseur Yezersky (5e), le match était plié pour l'Espagne à peine un quart d'heure plus tard. A une tête de Xabi Alonso sur corner (13e) avait succédé un coup franc de David Villa dévié par un dos ukrainien hors de portée de son gardien (18e). Juste avant l'ouverture du score, l'arbitre avait sifflé un hors-jeu sur un départ de Chevtchenko que ne confirmait pas franchement la vidéo, une situation deux fois reproduites par la suite. Mais ce n'était rien comparé à l'expulsion de Vachtchouk au retour des vestiaires après une faute peu évidente sur Villa (47e). Abasourdis, les Ukrainiens étaient menés qui plus est 3-0 après la transformation du penalty. La suite était une longue liste d'actions espagnoles, avec un but de Senna sur une frappe sous la barre refusé pour une faute préalable (65e) et un autre validé de Fernando Torres après un jeu à une touche de balle (81e). Rebrov (73e) et Chevtchenko, pour l'une de ses rares occasions franches (92e), ont bien tenté de sauver l'honneur. Mais en vain : pour les Ukrainiens, ce seront les lendemains qui hantent l'esprit.

TUNISIE 2-2 ARABIE S.

Fin de match complètement folle dans le deuxième match du groupe H, entre la Tunisie et l'Arabie saoudite (2-2). Menée 1-0 à la mi-temps après un but du Tunisien Jaziri (23e), l'Arabie saoudite est revenue grâce à Al Kahtani (56e), puis a pris l'avantage avec Al Jaber (84e). Mais, dans les arrêts de jeu, Jaidi permet à la Tunisie d'égaliser (92e).

DANS LA DOULEUR

L'Allemagne a souffert, mais l'Allemagne a battu la Pologne (1-0). Les hommes de Jurgen Klinsmann ont dominé le match, se sont créé de multiples occasions mais le gardien polonais, Artur Boruc, a tout repoussé. Ou presque, puisque dans les arrêts de jeu, Oliver Neuville a enfin trouvé la faille et qualifié quasiment les siens pour les huitièmes.

L'Equateur, du rêve à la réalité

Delgado, auteur du deuxième but. (L'Equipe)
Première sensation du tournoi : pour sa deuxième participation à une phase finale de Coupe du monde (après 2002), l'Equateur s'est qualifié avec brio pour les huitièmes de finale de l'épreuve en dominant aisément le Costa Rica apeuré et inerte (3-0), et occupe la première place du groupe A. Une victoire qui qualifie également l'Allemagne, deuxième, les deux formations comptant six points contre zéro au Costa Rica et à la Pologne. La rencontre entre l'Allemagne et l'Equateur faudra le détour mardi prochain. Si la Mannschaft ne l'emportait pas, elle affronterait le premier du groupe B en huitièmes de finale, dont le favori n'est autre que l'Angleterre.



Mendez omniprésent
Visiblement survoltés par l'ambiance de feu dans un Aol Arena de Hambourg jauni par les maillots de leurs supporters, les Equatoriens entrent sur la pelouse les crampons aiguisés, bien décidés à étouffer les velléités d'une équipe costaricienne rapidement crispée. Pas étonnant de voir l'Equateur ouvrir la marque moins de dix minutes après le coup d'envoi, sur un mouvement offensif plein d'insouciance et de vivacité. En point de fixation à l'entrée de la surface de réparation, Delgado donne bien à Valencia côté droit dont le centre millimétré trouve Tenorio au point de penalty. Sa tête ne laisse aucune chance à Porras (9e) et entrouvre les portes de la qualification aux siens. Gérant avec expérience et assurance leur avantage, les jaunes font tourner le ballon donnent chaque fois une solution au porteur de balle. Le "toque", marque de fabrique du football latin bat son plein, faisant tourner en bourrique les joueurs du Costa Rica. A cinq minutes de la mi-temps, la match s'emballe enfin. Valencia, toujours bien placé dans le dos de son vis-à-vis côté droit, adresse un centre légèrement dévié qui manque de tromper Porras (40e), avant que le Costa-Rica ne se crée enfin sa première grosse occasion. Sur un centre de Gomez de la droite, Gonzalez manque sa tête à bout portant (42e). Le tournant du match, d'autant que trois minutes plus tard, Mendez, qui a changé d'aile avec Valencia, adresse un centre tendu de la droite devant la cage de Porras que Delgado manque de pousser dans le but vide de quelques centimètres. L'espoir de survie du Costa-Rica ne tient pas alors plus à grand chose...

A droite toute
Au retour des vestiaires, l'heure est venue pour les Ticos de démontrer qu'ils n'ont pas traversé l'Atlantique uniquement pour déguster les hamburgers allemands. Centeno, l'un de ceux qui avaient été aperçus dans un fast-food la semaine passée, va rapidement se rendre compte que la digestion va être beaucoup plus longue que prévue. Le début de la seconde période démarre sur un faux rythme, les Equatoriens tenant le ballon sans jamais s'affoler, faisant même preuve par moments d'une décontraction presque insultante. Sans forcer, les hommes de Luis Suarez vont rapidement faire la différence et passer du rêve à la réalité sur une action rondement menée. Un double une-deux entre Mendez et Delgado côté droit de la surface de réparation, permet à l'attaquant de Quito de doubler la mise d'une frappe tendue en angle fermé, ruinant tous les espoirs de pauvres costariciens bien peu inspirés, qui encaisseront même un dernier but dans les arrêts de jeu. Sur un mouvement encore une fois amorcé de la droite, l'omniprésent Mendez adresse un caviar au second poteau pour Kaviedes. Entré à la pause, l'attaquant d'Argentinos Junior ne se gêne pas pour ouvrir son compteur but d'un extérieur du droit magistral, synonyme de qualification pour des Equatoriens décidément surprenants et de plus en plus beaux à voir jouer. Quito peut continuer à faire la fête, en attendant la finale de ce groupe A face à l'Allemagne mardi prochain.

Un but en or pour la Suède

Dans un match cadenassé entre deux équipes soucieuses de ne pas perdre, le Gunner Frédrik Ljungberg est parvenu à trouver la faille d'un coup de tête salvateur à la 89e minute. Un but d'une importance extrême qui permet à la Suède (quatre points) de prendre seule la deuxième place de ce groupe B derrière l'Angleterre (six points) et de survivre, à défaut de revivre.

Les sifflets puis le banc pour Ibrahimovic
Pas rassurée par le déroulement des événements depuis l'ouverture de la Coupe du monde, à commencer par son résultat nul (0-0) contre Trinité-et-Tobago, la Suède avait plusieurs objectifs dans cette rencontre : ne pas perdre sous peine d'être contrainte de l'emporter face à l'Angleterre lors du dernier match et inscrire un premier but dans le tournoi afin de rendre effectives toutes les promesses d'une formation rugueuse derrière mais bourrée de talent devant avec des joueurs comme Ljungberg, Ibrahimovic, Larsson ou Källström (titulaire ce soir). Ajoutez à cela une grosse altercation à l'entraînement cette semaine entre Fredrik Ljungberg et le capitaine Olof Mellberg et vous comprendrez pourquoi le début de partie n'a pas été des plus plaisants et serein. Face à une équipe paraguayenne remontée après sa cruelle défaite face aux Anglais (0-1), et elle aussi contrainte de ne pas perdre sous peine de pouvoir d'ores et déjà réserver son avion de retour, la tension est rapidement palpable après le coup d'envoi de Mr Lubos Michel. Les petites fautes se succèdent au milieu du terrain, le jeu est haché. Durant toute la première période les deux formations se soucient davantage de préserver leurs buts inviolés plutôt que de se faire plaisir sans arrières-pensées, comme a pu le faire l'Equateur un peu plus tôt dans la journée. Pas d'occasions franches donc durant ces quarante-cinq premières minutes, durant lesquelles seule la beauté des nombreuses supportrices suédoises a empêché les spectacteurs de s'endormir. Les deux formations ont démontré combien la superposition de noms ronflants sur une feuille de match ne garantit rien. A l'image de Zlatan Ibrahimovic, avant-centre au talent parfois aussi sidérant que sa nonchalance et son individualisme, comme sur ces deux actions (41e, 43e) qui lui ont valu les sifflets de son public, puis de regagner définitivement les vestiaires à la pause en lieu et place d'Allbäck.

Ljungberg brise la spirale
En panne d'inspiration offensive malgré un tandem d'attaquants "allemands" Nelson Valdez-Santa Cruz impressionnant sur le papier, le Paraguay n'est guère plus attrayant. Pas le moindre décalage, aucune inspiration individuelle, pas de dédoublement sur les ailes...Sa légère domination du début de seconde période est beaucoup trop stérile, et ne débouche sur rien. Ce sont au contraire les "Jaunes" qui se remettent dans le match et tiennent le mieux le ballon. Les attaques placées se succèdent dans le camp paraguayen, la volonté et l'envie étant dans le camp suédois. Au fil des minutes, les paupières deviennent lourdes jusqu'à la première grosse occasion du match. Lancé en profondeur par Ljungberg, Allbäck tente le lob mais le retour volontaire de Caniza sur sa ligne sauve les siens (60e). La pression suédoise s'accentue, malgré quelques tentatives lointaines de Paraguayens qui voient sortir Santa Cruz (63e), encore trop court physiquement. A force de reculer, les Sud-Américains vont logiquement plier à deux minutes de la fin sur un long centre d'Elmander venu de la gauche. Allbäck prolonge derrière lui pour Ljungberg qui place son coup de tête dans le petit filet opposé (89e). Un but important qui élimine ce Paraguay version 2006 trop limité pour espérer mieux. Qui n'ôte certainement pas les doutes entourant cette mystérieuse équipe suédoise, mais lui offre sa première victoire de l'année, son premier but du tournoi, et lui entrouvre les portes des huitièmes de finales. A condition de ne pas perdre face à l'Angleterre dans cinq jours à Cologne, dans un match qui sent le souffre avec comme objectif la première place de ce groupe B.

LES ÉLÉPHANTS ASSOMMÉS

Malgré une deuxième mi-temps à sens unique, la Côte d'Ivoire a cédé face aux Pays-Bas (1-2) et quitte la Coupe du monde dès le premier tour. Les Oranje, vainqueurs grâce à van Nistelrooy et van Persie, rejoignent l'Argentine en huitièmes.

Le réalisme néerlandais
Une marée orange a envahi l'enceinte du Gotlieb Daimler-Stadion de Stuttgart vendredi après-midi et elle a dévasté les derniers espoirs des Ivoiriens de se qualifier pour les huitièmes de finale. Pour son deuxième match de Coupe du monde, la «jeune» Côté d'Ivoire a paru encore un peu tendre et est tombée sous les assauts d'une équipe néerlandaise au réalisme effroyable (2-1). Le fameux groupe de la mort n'a finalement pas épargné les deux équipes les moins expérimentées. Avec zéro point, la Serbie-Monténégro, qui n'a pas tenu la comparaison un peu plus tôt face à l'Argentine, et la Côte d'Ivoire joueront donc leur troisième match pour l'honneur. Henri Michel avait pourtant essayé de redonner un coup de fouet à son équipe en incorporant trois nouveaux joueurs au coup d'envoi. S'il n'a rien touché à son 4-2-3-1, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France a changé sa ligne de milieux offensifs avec l'espoir de voir davantage de mouvements et de percussions devant l'inamovible Didier Drogba. Le Manceau Romaric a effacé Kalou dans l'axe alors que les deux Koné, Aruna et Bakary, se sont partagé les ailes.

De son côté, Marco van Basten s'est essayé à l'art du mimétisme. Même composition d'équipe et même tactique (4-3-3) que celle employée avec succès contre la Serbie-Monténégro (1-0). Sage. La rencontre l'a été pendant vingt bonnes minutes. Dans ce laps de temps, seul un tir à côté de Aruna Koné, bien servi par Yaya Touré, a maintenu les spectateurs en haleine (17e). Six minutes plus tard, les choses sérieuses ont enfin commencé. Sur un coup franc à l'entrée de la surface, l'attaquant d'Arsenal Robin van Persie a inscrit son deuxième but en sélection d'un missile envoyé sans arrières pensées dans la lucarne de Tizié (23e, 1-0). Le ton était donné et tout allait s'accélérer. A peine le temps de reprendre son souffle que Robben a impeccablement trouvé Ruud van Nistelrooy, lequel ajusta tranquillement le pauvre Tizié, qui n'avait plus qu'à ramasser les miettes au fond dans ses filets (27e, 2-0). Deux occasions, deux buts ! Ce réalisme hallucinant avait de quoi mettre les quarante milles supporters «oranje» en transe.

La pilule était forcément dure à avaler pour les Ivoiriens qui n'ont cependant pas relâcher l'étreinte. Après des tentatives de Zokora, sur la transversale (33e), et Drogba (36e), l'espoir est revenu dans le rang des Eléphants grâce à une chevauchée extraordinaire de Bakary Koné. L'attaquant de Nice, très remuant depuis le début de la partie, a fini sa course en solitaire par une frappe croisée qui ne laissa aucune chance à Van der Sar (38e, 2-1). Voyant le temps passé et la cote de son équipe toujours au plus bas à l'heure de jeu malgré des tentatives de Meïté (55e) et A. Koné (45e et 58e), Henri Michel n'avait d'autres choix que d'injecter du sang neuf. Aruna Dindane et Yapi Yapo aurait peut-être, eux, plus d'un tour dans leur chapeau. Mais rien y a fait. Bien repliés, les «Oranje» ont été d'une fermeté sans faille.

C'EST UNE AUTRE SOUFFRANCE

L'équipe de France aurait dû chasser une bonne partie de ses doutes contre la Corée du Sud, qui a obtenu un résultat nul en fin de rencontre (1-1). L'arbitrage défavorable sur un but de Vieira et leur habituel manque de réalisme ont plongé les Bleus vers une fin incertaine.

Un but de Vieira injustement refusé
Le football est ce sport imparfait où le meilleur ne gagne pas toujours à la fin, et l'équipe de France cette équipe imparfaite trop rarement capable de remporter des matches à sa portée. C'est comme si tout s'était remis en place trop vite. Les Bleus menaient au score depuis la 9e minute grâce à un but de Henry. Ils dominaient. Jouaient en bloc, serraient les lignes, gagnaient les duels, montraient l'exemple. Vieira avait même marqué un deuxième but (28e), injustement refusé par le corps arbitral. Le ballon avait pourtant franchi la ligne avant l'arrêt de Lee Woon Jae. De trois mètres, prétend Henry. De beaucoup moins, mais ça aurait suffi.... La France faisait, à peu près, tout comme il fallait quand elle avait le ballon. Même quand elle ne l'avait pas, comme en début de deuxième période. Les Coréens n'avaient jamais foulé la surface tricolore. Ils avaient abusé des moyens illégaux pour rester dans le match (deux cartons dans la première demi-heure). Même physiquement, même dans la vivacité, il n'y avait pas vraiment de différence. L'équipe de France a peut-être eu trop le temps de penser à ce que ce scénario voulait dire pour elle, à l'horizon que cela ouvrait, à ses idées noires chassées en bloc, datées de 2002 ou des conférences de presse de la semaine.

Il y avait un peu moins de rythme, alors, et peut-être un peu moins de lucidité, déjà. Il restait moins d'un quart d'heure. Sur une action comme il y en avait déjà eu d'autres, avec une Corée isolée à plus de trente mètres de Barthez, côté droit, il y eut en quelques secondes un peu moins de travail défensif sur toute la ligne, d'Abidal à Sagnol. Park, en partie grâce à un jeu de flipper qui avait rappelé France - Sénégal (0-1), finit par tromper un Barthez un peu lâché par ses troupes (79e), arrachant un match nul inespéré. Rageant, presque insoutenable pour Gallas, contraint à ce supplice : accompagner le ballon dans le petit filet. Si la Suisse bat le Togo lundi, l'équipe se retrouvera troisième du groupe avec le devoir d'infliger une lourde défaite à l'équipe africaine pour son troisième match, histoire de soigner une différence de but générale qui pourrait assurer son salut. Un nul entre la Corée et la Suisse l'arrangerait bien aussi. Mais les Bleus ont d'autres chats à fouetter. Ils joueront à Cologne sans Zidane ni Abidal, suspendus. Bien sûr, tout cela veut dire que la deuxième place est devenue le seul horizon raisonnable, mais après tous ces coups durs, la perspective d'un huitième de finale contre l'Espagne, ça ferait quand même plaisir.

Zidane suspendu contre le Togo
L'équipe de France est escortée par un manque de réussite et de maîtrise qui ne trace plus grand chose pour elle. Cette frappe dans les nuages de Vieira, ces deux ratés monumentaux de Henry (cette tête... elle ressemblait trop à celle de France - Grèce à l'Euro), ce carton jaune de Zidane qui savait pourtant à quoi s'en tenir, ce petit frisson qui parcourait le stade à chaque incursion coréenne : la façon dont l'équipe s'est à nouveau disloquée après l'égalisation oblige presque Domenech à refaire le travail de la semaine. Il faudrait vérifier la nature des commentaires qui accompagnaient l'Italie en 1982, quand elle avait fait trois matches nuls en poule avant d'être championne du monde (le scénario est improbable pour les Bleus, mais il existe). Mais au rythme où vont les autres têtes de série dans ce tournoi, il serait très surprenant que le soleil couchant change brutalement de direction.

L'Ukraine efface tout

L'Ukraine a effacé son entrée catastrophe contre l'Espagne (0-4) en s'imposant face à l'Arabie Saoudite sur le même score fleuve (4-0) lundi en fin d'après-midi à Hambourg grâce à des buts de Resol (3e), Rebrov (36e), Chevtchenko (46e) et Kalinychenko (84e). En attendant le résultat d'Espagne-Tunisie (21h00), les protégés d'Oleg Blokhine s'emparent de la deuxième place du groupe H.

Il n'était sans doute pas idéal pour les «Fils du désert» que pour sa première apparition dans le Mondial, la pluie choisisse précisement l'AOL-Arena de Hambourg pour se déverser sans retenue. Nostalgique de la canicule des premiers jours, l'entraîneur brésilien des Saoudiens Marco Paqueta redoutait d'ailleurs pour ses protégés la dépression annoncée par la météo allemande. A raison : quelques minutes après l'orage, le gardien saoudien perdait à la fois ses appuis et toute chance d'aller chercher la frappe lointaine de Rebrov pour le deuxième but ukrainien (36e). La moue que Zaid adressait alors en direction de la pelouse détrempée pouvait s'interpréter comme le constat que, décidemment, rien ne lui serait épargné cet après-midi. Car ce n'est la pluie, bien sûr, qui a battu l'Arabie Saoudite, mais bien une équipe d'Ukraine retrouvée, joueuse et buteuse.

Première historique
En ouvrant la marque d'entrée, Roussol libérait non seulement les siens, il inscrivait aussi le tout premier but de l'Ukraine en Coupe du monde (3e). L'histoire retiendra que le défenseur de 23 ans de Dniepropetrovsk accomplit cet acte fondateur à l'aide d'un genou, geste peu orthodoxe pour une équipe qui ne l'est guère, capable du pire comme du meilleur. Noyée sous le déluge (déjà) déclenché par l'Espagne, l'Ukraine a réagi de la manière des façons en envoyant à son tour la foudre sur son adversaire. Le score semble indiquer que cela fut facile alors que les Saoudiens firent mieux que résister avant de flancher physiquement à l'heure de jeu. Oleg Blokhine peut être satisfait : lui qui avait vécu la déroute espagnole comme un affront personnel a souvent applaudi ses joueurs du bord de la touche. Son honneur est sauf, la fierté nationale retrouvée.

Animée par un Chevtchenko en net progrès, buteur de la tête (46e) et passeur sur le quatrième but de Kalinychenko (84e), l'Ukraine aura enfin tenu dans le jeu les promesses de son parcours en qualification. S'ils ont marqué deux fois sur coups de pied arrêtés (un corner, un coup-franc) et un exploit personnel (la frappe de Rebrov, splendide), c''est bien dans la circulation du ballon et la vitesse que les hommes de Blokhine ont montré qu'ils avaient encore de belles choses à faire dans cette Coupe du monde. Au plan comptable, leur résultat est également excellent. L'Ukraine marque non seulement trois points mais remet aussi sa différence de buts à zéro. Comme une page blanche sur laquelle écrire une belle histoire vendredi prochain contre la Tuinisie

L'Espagne sait revenir

L'Espagne est restée sur le petit nuage où l'avait élevé son entame idéale face à l'Ukraine (4-0) en battant la Tunisie (3-1) lundi soir au Gottlieb-Daimler Stadion de Stuttgart. Mnari a ouvert la marque pour la Tunisie (8e) avant que Raul (72e) et Fernando Torres (76e et 90e s.p.) n'offrent aux leurs un deuxième succès synonyme de huitièmes de finale. Grâce à son doublé, Fernando Torres devient le meilleur réalisateur de la Coupe du monde à l'issue des deuxièmes matches avec trois réalisations. L'Ukraine, victorieuse de l'Arabie Saoudite lundi après-midi (4-0), s'empare de la deuxième place du groupe H avant sa conclusion vendredi prochain.

C'est à un très beau match de football qu'il a été donné d'assister lundi soir à Stuttgart. Les deux équipes ont offert un récital technique, la Tunisie justifiant l'étiquette d'«équipe la plus européenne d'Afrique». Si la finition a longtemps pêché côté espagnol, les vingt cinq dernières minutes furent épatantes, avec trois buts dont un bijou de l'extérieur en pleine course de Fernando Torres. L'Espagne a surtout montré sa capacité à garder la tête froide quand elle est menée. Signe que cette équipe a du répondant, elle a su renverser le résultat sans jamais partir à l'abordage. Au-delà de la qualification, c'est sans doute cette vertu qui aura ravi le sélectionneur Aragones et retenu l'attention des futurs adversaires de la Seleccion.

Raul décisif
A l'image d'un Carles Puyol souvent en difficulté en début de match et averti pour une faute grossière sur Trabelsi, les Espagnols ont d'abord peiné à rejouer leur partition initiale. Mûs par les meilleures intentions (balles au sol, passes dans les intervalles), les Ibériques se sont heurtés à un milieu tunisien renforcé qui sut annihiler les combinaisons que Xavi ou Fernando Torres initiaient sans relâche. La réussite du premier match fuyait les Ibériques : quand il ne manquait pas quelques centimètres à Luis Garcia pour convertir un corner, c'est Xabi Alonso qui voyait sa tête repoussée sur la ligne par un défenseur. Au vu du nombre d'occasions qu'ils se créaient, les Espagnols pouvaient regretter leur manque d'efficacité. Les rentrées de Raul, Fabregas et Joaqim allaient changer la donne en deuxième période.

En débloquant le compteur de l'Espagne, Raul offrait la plus belles des réponses à ceux qui le jugent vieillissant. Il fallait au contraire des jarrets de jeune homme pour devancer le gardien et le dernier défenseur sur l'ouverture lumineuse de Fabregas (72e). Pour la Tunisie, le match aura duré trop longtemps. Transfigurée par rapport à sa première sortie face à l'Arabie Saoudite (2-2), l'équipe de Roger Lemerre démarrait en trombe grâce à Mnari, à la réception d'un centre de Jaziri qui venait d'éliminer quatre défenseurs (8e). Le sélectionneur français aurait pu rire sous la pluie mais il sentait son équipe reculer au fil des minutes. La Tunisie a finalement craqué, faute d'avoir su conserver la fluidité qui lui a avait tant réussi en début de partie. Roger Lemerre pouvait toutefois se féliciter que son appel à la combativité ait été entendu. Il pourra resservir en fin de semaine contre l'Ukraine.

TALIE, GHANA ET AUSTRALIE OK

Le groupe E a rendu son verdict. L'Italie a dominé la République tchèque (2-0), avec des buts signés Materazzi et Inzaghi. Le Ghana est le deuxième qualifié après sa victoire contre les Etats-Unis (2-1). Les équipiers de Appiah rencontreront le Brésil en huitièmes de finale. Les Américains terminent derniers. Dans le groupe F, le Brésil, déjà qualifié, a balayé le Japon (4-1). Le deuxième billet revient à l'Australie, auteur du nul contre la Croatie (2-2)