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Extraits des livres que nous aimons...

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Extraits des livres que nous aimons... - Page 9 Empty Re: Extraits des livres que nous aimons...

Message par nIzLa Sam 5 Sep - 20:30

Bourtouqal banafsadji a écrit:Voilà un terrain sur lequel (l'oeuvre de Nietzche) le bien et le mal sont laissés à la conscience et non pas régentés par des illuminés.
Merci de cette digression !


:-030-: :-030-: :-030-:
Des digressions du genre j'en redemande :-002-:
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Message par Bourtouqal banafsadji Dim 6 Sep - 2:13

Ce sera alors en veux tu ,en voilà.
:-002-:
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Message par Benkad Dim 6 Sep - 14:18

Bonjour bonjour,

Ahaaaaaa, des digressiooons ...!!! Vous en voulez?? En revoilà ... :-022-:

Encore des vieux de la vieille ( :gigi: ) comme j'aime ... des mots de Gibran ... dans la bouche d'un autre prophète ... un autre que Zarathoustra ...

Allons pour des mots "lourds" et "légers" ... pour ce que nous avons de plus cher ... et qui prolonge notre vie ...

[[ "Alors une femme qui tenait un nouveau-né contre son sein dit: "Parle-nous des Enfants."

"Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de la Vie qui a soif de vivre encore et encore.
Ils voient le jour à travers vous mais non pas à partir de vous.
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne sont pas à vous.

Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées.
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais non leurs âmes.
Car leurs âmes habitent la demeure de demain que vous ne pouvez visiter même dans vos rêves.
Vous pouvez vous évertuez à leur ressembler, mais ne tentez pas de les rendre semblables à vous.
Car la vie ne va pas en arrière ni ne s'attarde avec hier.

Vous êtes les arcs par lesquels sont projetés vos enfants comme des flèches vivantes.
L'Archer prend pour ligne de mire le chemin de l'infini et vous tend de toute Sa puissance pour que Ses flèches s'élancent avec vélocité et à perte de vue.
Et lorsque Sa main vous ploie, que ce soit alors pour la plus grande joie.
Car de même qu'Il aime la flèche qui fend l'air, Il aime l'arc qui ne tremble pas."]]


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Message par Benkad Dim 6 Sep - 19:06

belhouchet a écrit:
Bourtouqal banafsadji a écrit:Voilà un terrain sur lequel (l'oeuvre de Nietzche) le bien et le mal sont laissés à la conscience et non pas régentés par des illuminés.

Merci de cette digression !

ifaut remercier Nietzche pour cette parabase ... :-009-: qui écarte tout quiproquo
La rose, c'est pour Nietzsche ou pour les amateurs de la pensée Nietzschéenne??!? :-028-: ... :gigi:
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Message par belhouchet Dim 6 Sep - 19:42

Benkad a écrit:
belhouchet a écrit:
Bourtouqal banafsadji a écrit:Voilà un terrain sur lequel (l'oeuvre de Nietzche) le bien et le mal sont laissés à la conscience et non pas régentés par des illuminés.

Merci de cette digression !

ifaut remercier Nietzche pour cette parabase ... :-009-: qui écarte tout quiproquo
La rose, c'est pour Nietzsche ou pour les amateurs de la pensée Nietzschéenne??!? :-028-: ... :gigi:

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Message par Benkad Dim 6 Sep - 23:41

belhouchet a écrit:
Benkad a écrit:
belhouchet a écrit:
Bourtouqal banafsadji a écrit:Voilà un terrain sur lequel (l'oeuvre de Nietzche) le bien et le mal sont laissés à la conscience et non pas régentés par des illuminés.

Merci de cette digression !

ifaut remercier Nietzche pour cette parabase ... :-009-: qui écarte tout quiproquo
La rose, c'est pour Nietzsche ou pour les amateurs de la pensée Nietzschéenne??!? :-028-: ... :gigi:

les 2 mon capitaine
capitaine?? :eusa: :eusa: ... tu oublies??? ... tu oublies que ... :-005-: ... approche un peu que je te le dise à l'oreille ... faudrait pas qu'on nous entende ... :-004-: ... tu oublies que je me shoote ...shuuuuut ... à l'opium ...
tu veux te noyer ou quoi ? ...
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Message par belhouchet Lun 7 Sep - 1:08

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise,
Mais enivrez-vous,
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé , dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s'enivrer!
Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous;
Enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu,
à votre guise."

Charles Baudelaire..
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Message par Benkad Lun 7 Sep - 2:22

S'enivrer de poésie, je veux bien ... en gardant à l'esprit que: "Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, mais la poésie qui illustre le mot." comme disait Léo Ferré ...
l'émotion devant toujours être forte et présente ...

Et pour la confidence, mon bout préféré de Baudelaire est dans l'Albatros:

"...

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher."
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Message par Benkad Jeu 17 Sep - 17:06

Salam à tous,

J'aurais vraiment voulu avoir vos impressions sur le texte à propos des enfants ... mais ma3lich ... j'ai un peu "transposé" (dans ma tête ...) en pensant aux enfants que nous sommes (et que nous avons été) par rapport à nos parents ... on arrive alors à comprendre un peu mieux ... et rendre ainsi justice à ce "vieux" ...

Si vous en voulez encore, voici un autre (que j'aime énormément aussi) :

[[ "ET un homme riche dit: "Parle-nous du Don."
Il répondit alors:
"Toujours maigre restera le don de la main.
Le don du cœur est le véritable bien.
Que sont vos biens, sinon des choses que vous gardez et défendez, par crainte du besoin du lendemain ?
Et demain, qu'apportera demain au chien si prudent qu'en suivant les pèlerins vers la cité sacrée, il enterre des
os sans repères dans le sable du désert ?
Qu'est-ce que craindre de connaître le besoin, sinon vivre dans le besoin ?
Et redouter d'haleter de soif, alors que votre puits regorge à foison, n'est-ce pas jamais savoir boire jusqu'à
plus soif?

Certains d'entre vous donnent peu de leur abondance pour le plaisir d'en recevoir la reconnaissance.
Mais le fond de leur désir corrompt leur don.
Et d'autres ont peu, mais ils le donnent entièrement.
Ceux-ci croient en la vie et en la bonté de la vie ; leur fond n'est jamais vide.
Il en est qui donnent avec joie ou avec peine.
Cette joie est leur récompense et cette peine, leur baptême.
Il en est aussi qui donnent sans souffrir d'une peine ni quérir une joie, mais encore sans être conscients de cette vertu.
Ceux-là donnent à l'instar de ce myrte qui exhale sa fragrance là-bas, dans les airs de la vallée.
À travers le geste de leurs mains, Dieu nous parle et sourit à la terre du fond de leurs prunelles.
Il est bien de donner à qui quémande, mais il est mieux de donner sans qu'on vous le demande, par compréhension.
Et celui qui a le cœur sur la main en quête de celui qui est giflé par la main du destin,
Éprouve dans sa recherche une joie encore plus sublime que lorsqu'il fait don de ses biens.
Sauriez-vous réellement conserver à jamais ne fût-ce qu'un seul de vos biens ?
Tout ce que vous possédez, un jour ou l'autre, sera cédé.
Donnez donc maintenant afin que la moisson de votre don soit la vôtre, et non pas celle de vos héritiers.
Souvent vous dites: "Volontiers je donnerais, mais seulement à ceux qui en sont dignes."
Ce n'est point ce que disent les arbres de vos vergers ni les troupeaux de vos pâturages.
Car ils donnent afin de vivre ; retenir c'est périr.
Celui qui a été digne de recevoir le don de rester en vie, le long de ses jours et de ses nuits, est aussi digne de recevoir tout autre don émanant de vous.
Et celui qui a mérité de boire à l'océan de la vie mérite de remplir sa coupe à votre ruisseau.
Est-il un mérite encore plus grand que celui qui réside dans le courage et la confiance, dans la charité même, de recevoir?
Au nom de qui pourriez-vous contraindre les gens à se déchirer la poitrine et à se dépouiller de leur dignité,
Afin de vous laisser voir la mise à nu de leurs valeurs et leur fierté sans pudeur ?

Veillez d'abord à mériter de donner et d'être l'instrument du don.
Car en vérité c'est la vie qui donne à la vie.
Et vous qui croyez être la source du don, vous n'en êtes que témoin.
Quant à vous qui recevez, et vous tous vous recevez, que la reconnaissance ne vous pèse guère.
Sinon vous risqueriez d'imposer un joug à vous-même et à vos bienfaiteurs.
Élevez-vous plutôt ensemble, comme si leurs dons étaient des ailes.
Être trop soucieux de vos dettes, c'est douter de leur générosité qui a la terre magnanime pour mère et Dieu
pour père."]]
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Message par nIzLa Ven 18 Sep - 4:59

Extraits des livres que nous aimons... - Page 9 Coran-10

UNE AUTRE FACON DE LIRE L'ISLAM
Le Coran pour les nuls
Sohaib Sultan est islamologue aux Etats-Unis.
Malek Chebel pour l’adaptation française
First Editions , Paris
collection Pour les nuls
Parution : août 2009


En voici un éclairage
L’auteur décrypte le Coran. Il présente notamment l’histoire du Livre saint et sa compilation, l’art et les méthodes d’interprétation du Coran, ainsi que le rapport du Coran au monde et ses enseignements sur la société, la loi, la guerre et la paix, les femmes, la modernité.


Entrez dans le Livre saint des musulmans

Le Coran est au centre de la vie et de la culture musulmanes depuis plus de 1 400 ans. Toute interprétation de l’islam et de son rôle dans le monde doit, pour être légitime aux yeux des musulmans, s’enraciner dans les textes de l’Écriture sainte. Le Coran est ainsi pour les musulmans le Livre par excellence, que Malek Chebel décrypte ici pour les lecteurs de tous horizons, musulmans ou non.

Dans Le Coran pour les Nuls, vous découvrirez notamment :

•l’histoire du Livre saint et sa compilation ;
•l’art et les méthodes d’interprétations du Coran (l’exégèse) ;
•la langue et le style du Livre saint ;
•la vision de l’homme et de Dieu dans le Coran ;
•le rôle du Coran en tant que guide intime des fidèles dans leur vie de tous les jours (préceptes, éthique et vie spirituelle) ;
•le rapport du Coran au monde et ses enseignements sur la société, la loi, la guerre et la paix, les femmes, la modernité.
•Avec les Nuls, affinez votre regard sur la foi musulmane et vos connaissances des traditions islamiques !
Découvrez comment :

•Connaître l’histoire et les étapes de la Révélation
•Comprendre l’importance que revêt l’interprétation
•Mettre en pratique les enseignements du Livre saint
•Vivre selon les principes du Coran en tant que citoyen
•Comprendre les rapports de l’islam aux autres religions du Livre
•… et bien plus encore !
A LIRE ABSOLUMENT........Pour celles ou ceux qui peuvent se le procurer
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Message par Benkad Ven 18 Sep - 18:16

Bonjour et merci nizla,
Bonjour à tous,

L'initiative de ce livre est excellente tout comme le choix du titre qui est à la fois sympathique et attrayant.
Je vais essayer de me le procurer et je suis sure que je vais prendre plaisir à le lire.

En fait, il y a plusieurs niveaux de lecture, de compréhension et d'interprétation suivant l'âge, le vécu, la culture, l'éducation, la foi, le niveau d'instruction du lecteur, et aussi "le temps et l'espace" dans lequel il vit ... je veux dire la période et le pays ou le continent dans
La façon de lire est très importante ...

Un dimanche matin, dans la partie réservée à l'Islam de l'émission "Les chemins de la Foi" qui passe sur France 2, il a été question du Coran et d'un nouveau livre intitulé "PENSER LE CORAN". Ce livre a été édité sous le pseudonyme de Mahmoud Husseinmais il a été écrit par deux éminents théologiens qui maitrisent aussi bien la langue arabe que la langue française. Ils étaient, justement les invités de l'émission ce jour-là.

Ils ont parlé de la façon de lire et d'interpréter le Coran et surtout comment ne pas le prendre au premier degré, au sens "littéraliste".
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Message par Benkad Sam 14 Nov - 1:24

Une certaine nostalgie me fait revenir à ce texte ... allez savoir pourquoi ...
Benkad a écrit:Salam,

Jean Daniel est (et fût) un écrivain et journaliste Français qui a vécu en Algérie du temps de la colonisation et qui a soutenu les Algériens dans leur lutte pour la libération.

Un de ses livres est ""LA BLESSURE suivi de "Le Temps qui vient"", il est beau, très consistant et plein d'événements d'Histoire...entre autres... j'aime beaucoup...
On peut y lire ceci:

"C'est en 1961, à Bizerte, que Jean Daniel fit l'expérience de cette "blessure" qui faillit lui coûter la vie. Quelques balles d'un fusil mitrailleur, la mort qui soudain se rapproche, insiste, puis s'éloigne. Hésitante renaissance...
Pendant plusieurs années, Jean Daniel tient alors une sorte de journal intime traversé d'aveux, envahi de souvenirs. Au jour le jour, ce fut la chronique chuchotée d'une époque en tumulte telle qu'elle se traduisait sur les visages des hommes et des femmes connus ou inconnus qui se rendaient au chevet du malade dans l'univers clos d'un hôpital.
C'est ce texte qui est ici publié.
..."

J'ai pris le passage suivant dans "LE TEMPS QUI VIENT" :


["Je n'ai pas de raison particulière, intime, personnelle de désespérer de l'humanité. Je ferais preuve d'injustice et même d'indécence à l'égard du sort qui me fut réservé si je m'abandonnais à je ne sais quelle jérémiade sur ma fréquentation du genre humain.

Il se trouve que j'ai connu en même temps le mal et le bien, l'antisémitisme et l'antiracisme, et que je n'ai jamais eu l'expérience directe de la persécution. J'ai, au contraire, rencontré des êtres d'une impressionnante qualité tout au long de ma vie. Dans ma famille, chez mes professeurs, parmi mes amis, mais aussi auprès de nombreux étrangers à mon milieu et à l'occasion des seules épreuves où l'on peut vraiment juger de la densité d'un être. Je n'évoque pas ici ceux qui ont eu, en naissant, la grâce d'être créateurs ou, durant leur parcours, la fortune d'être illustres.

Je pense aux comportements d'hommes souvent obscurs. Ce sont parfois des images d'Épinal, des scènes édifiantes, et de ces bons sentiments qui font, paraît-il, la mauvaise littérature. Un médecin qui sauve son ennemi malade : j'ai assisté à cela. Un colon qui défend contre la haine des siens son employé arabe jusqu'à mourir avec lui. J'ai vu la scène. Un officier qui refuse la torture et qui gâche toute sa carrière. Un juif converti en secret au catholicisme et qui interdit que l'on rende sa conversion publique tant que les juifs seront persécutés.

Je les connais. Je pourrais ne pas m'arrêter. La liste est longue de ceux qui, à un certain moment, dans une situation précise, alors que soufflait le vent qui flatte l'indignité et la veulerie, ont, dans le silence et la solitude, démenti par fulgurance la ténébreuse et dérisoire idée que peut nous inspirer l'humanité, surtout à la fin de notre siècle barbare. Ils sont exceptionnels ? En tout cas, ils existent. Mais tantôt l'on considère qu'ils sont là pour témoigner d'une virtualité qui vient d'ailleurs, tantôt l'on se prend à observer que ces êtres d'exception peuvent s'opposer furieusement les uns aux autres.!

Reste que, pour ce qui me concerne, je n'ai pas de motivation individuelle puisqu'il m'est arrivé de rencontrer en ce monde le courage et l'amour. Et la pitié.

Une sorte d'embarras me saisit avant de donner libre court à mon pessimisme nouveau. Embarras qui vient du fait que mon goût du pathétique ne brise en rien chez moi l'amateur d'une vie épicurienne chaque fois que le loisir et les moyens m'en sont donnés. Du fait que, m'interdisant l'espoir, je ne suis pas pour autant désespéré, mot qui, dans l'acception courante, veut dire malheureux.

J'ai la forme la plus lucide et la plus réelle de l'espérance qui est non celle de la raison mais de la volonté de vivre : une pulsion du corps qui projette au-delà des raisons de vivre. De quoi est faite cette pulsion ? Du désir, d'abord, et de la capacité ensuite d'accueillir la joie : ce sont les deux versants de l'hédonisme.

L'une de mes recettes de bonheur, indépendamment de l'intimité avec le tragique, réside aussi dans le besoin et la possibilité d'admirer. J'aime admirer et je trouve encore bien des occasions de le faire avec intensité. Et je ne réserve pas mon admiration, comme le font volontiers mes amis historiens, aux grands disparus.

En y pensant, je me retrouve ainsi en conformité avec les Carnets : à l'époque où je disais que je ne croyais en Dieu que lorsque j'étais heureux. Je n'aime pas associer l'idée de Dieu au malheur, à la souffrance et à la mort des innocents. Dieu est pour moi ce qu'il peut y avoir, par miracle, de divin en l'homme.

Les anthropologues et les savants ont beau me persuader que l'histoire de l'homme n'est plus le centre de l'univers, qu'il s'inscrit dans l'histoire de la vie, de la matière, de l'énergie et du cosmos, comme c'est avec la raison humaine qu'ils m'expliquent que je ne suis qu'un accident, non plus entre deux néants mais dans l'infini de la continuité, c'est toujours à l'homme que je reviens.

Or il est, c'est vrai, cet animal furieux et absurde, chez qui naissent des étincelles du divin. C'est mon pessimisme qui me conduit à admirer qu'il puisse y avoir quelque chose au lieu de rien, et quelque chose de grand au lieu des vanités maudites..."]

Salut.
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Message par Benkad Ven 20 Nov - 21:29

Une autre "vieillerie" postée en page 2 ... mais je mets juste un bout ... que voici:

[ [[ ...
"J'ai pensé, alors, à "Léon l'Africain" de Amin Maalouf. C'est de l'Histoire romancée qui se laisse lire avec plaisir et ... j'ai vraiment, vraiment beaucoup aimé!!!!...
...
[["Voici "le dernier mot tracé sur la dernière page" de "Léon l'Africain", cet homme d'orient et d'occident, d'Afrique et d'Europe ; cet "ancêtre" de l'humanité cosmopolite d'aujourd'hui :

"Une fois de plus, mon fils, je suis porté par cette mer, témoin de tous mes errements et qui à présent te convoie vers ton premier exil. A Rome, tu étais "le fils de l’Africain", en Afrique, tu seras "le fils du Roumi". Où
que tu sois, certains voudront fouiller ta peau et tes prières. Garde-toi de flatter leurs instincts, mon fils, garde-toi de ployer sous la multitude! Musulman, juif ou chrétien, ils devront te prendre comme tu es, ou te
perdre. Lorsque l'esprit des hommes te paraîtra étroit, dis-toi que la terre de Dieu est vaste, et vastes Ses mains et Son cœur. N'hésite jamais à t'éloigner, au-delà de toutes les mers, au-delà de toutes les frontières, de toutes les patries, de toutes les croyances.

Quand à moi, j'ai atteint le bout de mon périple. Quarante ans d'aventures ont alourdi mon pas et mon souffle. Je n'ai plus d'autre désir que de vivre, au milieu des miens, de longues journées paisibles. Et d'être, de tous ceux que j'aime, le premier à partir. Vers ce Lieu ultime où nul n'est étranger à la face du Créateur."

Amin Maalouf.""]

Ce qui suit est une critique littéraire:
"C'est fort. C'est tendre. C'est prodigieux. Amin Maalouf, vous êtes un magicien." Catherine Hermary-Vielle - Le Figaro Magazine]] ]
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Message par Benkad Dim 22 Nov - 16:00

Ah! que de vieilleries ... à dépoussiérer ... d'un certain 29 décembre ...
le 29 décembre 2006, c'est à la fois loin et tout à côté ...

Benkad a écrit:Salam,

Et si nous parlions un peu des langues??

"Souvent, nos "Oulama" ou "Chouyoukh" sont "accusés", à tort, de ne pas être suffisamment tolérants et ouverts sur le monde. Mais à lire le texte suivant, on comprends combien ils ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Je vous prends le texte d'une grande et très belle oeuvre de notre penseur et écrivain Mohamed Salah SEDDIK:

يقول محمد الصالح الصديق في الجزء الثالث من كتابه ‘‘ أعلام من المغرب العربي'‘ و هو يتحدث عن المرحوم الإمام
قدور عيسى ـ من مواليد 1911م ـ؛

["...و شاء القدر أن نسكن في حجرة واحدة بمقر بعثة الحج الجزائرية سنة 1982 م , و كانت فرصة للحديث في شؤون مختلفة, واستعرضنا ذكريات عن الماضي كاد الزمن يسدل عليها ستار النسيان, و اغتنمت هده الفرصة و سألته عما يكون قد علق بدهنه من ذكريات عن الإمام عبد الحميد ابن باديس, و أنا المنقطع لإحياء تراثه مند سنوات أتصيد كل واردة و شاردة عنه, فانبسط للاقتراح و تحدث طويلا في شهية و تلذذ, فاستوعب خلال ساعة كل ما يعرفه عنه من أقوال و مواقف و أخلاق, و كان من حين لأخر يتوقف عن الحديث و يبدو غارقا في تأمل باطني عميق ثم يعود إلى الحديث بنفس الرغبة و نفس الدقة في العرض.
و قد انتشفت في قلبي من الشريط المعروض صور لها بعدها و عمقها.
قال الشيخ عيسى ؛

ـ كنت أعمل في عطلة الصيف من سنة 1933م بأحد المخازن للتموين بقسنطينة لأجمع من المال ما أواصل به دراستي و كنت من حين لآخر أزور إدارة الشهاب لأن رسائلي كانت توافيني إلى هناك, و ذات يوم وجدت الإمام عبد الحميد منهمكا في الكتابة و ما أن رآني حتى وضع القلم جانبا وأدخل يده في الدرج و أخرج رسالة و قال؛ ‘‘ جاءتك هده الرسالة معنونة بالفرنسية و بالخط اليدوي و أنا أجهل هده اللغة تماما‘‘ ثم حدجني بنظرة عميقة و سألني؛ ‘‘هل تعلمت هده اللغة؟‘‘ و لما أجبته بالسلب, لأن الظروف لم تساعدني على تعلمها, قال في لهجة قوية حادة ،‘‘ إن كانت فرنسا عدوتنا لأنها استعمرتنا فلغتها لغة علم و حضارة يجب تعلمها و تعلم كل لغات العالم إن أمكن ذلك, فتعلموا ما استطعتم من اللغات فإن الرجل يتعدد بتعدد لغاته‘‘ ...
قال الشيخ عيسى؛ ‘‘و هدا ما حفزني إلى تعلم الفرنسية و تعليم أبنائي‘‘ ...

Par ailleurs Feu Kateb Yacine a dit que la langue française est "UN BUTIN DE GUERRE"... et donc pourquoi ne pas l'utiliser??...

Une citation de l'écrivain allemand Friedrich Schiller dit que: " La façon dont un humain traite sa langue maternelle montre à quel point il est humain."

Une autre citation dit aussi que: "LA VÉRITÉ DE CHACUN C'EST CE QUI LE GRANDIT".

Nous, Algériens, de par notre IDENTITÉ et notre HISTOIRE, nous sommes RICHES de quatre (4) langues que nous maîtrisons plus ou moins suivant le "niveau" de la pratique... Si nous CULTIVIONS au moins celles ci, nous n'en serions que plus FORTS parce qu'être polyglotte n'est pas une tare mais plutôt un PRIVILÈGE et une CHANCE.

Et combien même nous n'aurions pas cette chance; qu'à cela ne tienne; faisons en sorte que nos enfants (et nos jeunes) n'en soient pas privés.

Rebbi yehfadkoum.
Salutations FRATERNELLES.
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Extraits des livres que nous aimons... - Page 9 Empty Re: Extraits des livres que nous aimons...

Message par Benkad Dim 22 Nov - 17:13

[[[" "Salam,

Et qui ne connait Notre Grand Rouiched, Allah yerrahmou ?!?! Ce sacré PERSONNAGE qui nous (a) fait pouffer de rire par ses mimiques, ses regards, ses mots..., son "jeu" et son "sérieux"...
Il est connu aussi sous le nom de "Hassan terro" ou "Hassan taxi" qui "prête" (ainsi) son nom comme titres pour ses films ...
Nous le voyons (entre autres occasions) tous les mois de novembre ... et les jeunes comme les moins jeunes l'aiment beaucoup ... alf ra7ma tenzel 3lih ...

J'avais pensé, pour lui rendre hommage, à ce petit passage par lequel il termine son très ÉMOUVANT LIVRE intitulé: "MÉMOIRES DE ROUICHED" par Rachid SAHNINE.

Le voici:

[["A présent que j'ai atteint le sommet d'où on peut mieux voir le chemin parcouru, je pense pouvoir dire que, de ces longues années de dur labeur, je tire les leçons suivantes:

_ Que le destin d'un homme n'est pas du ressort de son choix. Il est du hasard des rencontres, de la somme de ses décisions. Il est la somme de ses décisions et de ses actes. Il ne peut goûter aux sentiments de l'amour et de la vie que s'il a lui-même senti, pensé, vécu.

Aucun des diplômes universitaires acquis en sciences humaines ne peut remplacer l'expérience réelle, celle qui est faite pour la lutte en vue de la création et de la liberté.

Si j'ai été révolutionnaire, c'est parce que j'ai aimé ma patrie et que je ne pouvais pas haïr les hommes. C'est cet amour pour le prochain qui me porta au-dessus de bien des intrigues et démêlés, où l'égoïsme, la jalousie, l'envie s'étalaient à ma conscience lucide comme des rebuts auxquels je n'ai jamais touché.

Si j'ai été un artiste qui a essayé de faire rire son monde, ma vie a été un jeu où la chance ne fut pas un hasard."]]

Salut."]
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Message par Benkad Mar 1 Déc - 21:21

Salam,

Il y a trois ans, presque jour pour jour, le 28 novembre 2006, a été posté ce premier message sur la première page de ce topic ... presque orphelin ...

Benkad a écrit:Salam,

...
...
J'ai pensé, donc, et j'ai eu envie de partager avec vous ce très beau texte...ce coup de cœur...
De ces choses si simples et si belles que l'on ne voit pas suffisamment...que l'on ne médite pas suffisamment...on s'affole quand elles viennent à nous manquer mais on ne les voit pas assez quand elles sont là...elles sont ...discrètes et...transparentes...
Comme l'eau...ah, l'eau...rien que çà ...l'eau....l'eau...l'EAU, ...SOURCE DE VIE... ...

Voici l'eau:

[[" L'EAU

Pour un esprit, venu d'ailleurs, qui tomberait sur cette Terre et qui en ignorerait tout, l'eau serait un objet de stupeur presque autant que le temps. L'eau est une matière si souple, si mobile, si proche de l'évanouissement et de l'inexistence qu'elle ressemble à une idée ou à un sentiment. Elle ressemble aussi au temps, qu'elle a longtemps servi à mesurer, au même titre que l'ombre et le sable. Le cadran solaire, le sablier, la clepsydre jettent un pont entre le temps et la matière impalpable de l'ombre, du sable et de l'eau. Plus solide que l'ombre, plus subtile que le sable, l'eau n'a ni odeur, ni saveur, ni couleur, ni forme. Elle n'a pas de taille. Elle n'a pas de goût. Elle a toujours tendance à s'en aller ailleurs que là où elle est. Elle est de la matière déjà en route vers le néant. Elle n'est pas ce qu'on peut imaginer de plus proche du néant: l'ombre, bien sûr, mais aussi l'air sont plus si l'on ose dire - inexistants que l'eau.

Ce qu'il y a de merveilleux dans l'eau, c'est qu’elle est un peu là, et même beaucoup, mais avec une délicatesse de sentiment assez rare, avec une exquise discrétion. Un peu à la façon de l'intelligence chez les hommes, elle s'adapte à tout et à n'importe quoi. Elle prend la forme que vous voulez : elle est carrée dans un bassin, elle est oblongue dans un canal, elle est ronde dans un puits ou dans une casserole. Elle est bleue, verte ou noire, ou parfois turquoise ou moirée, ou tout à fait transparente et déjà presque absente. Elle est chaude ou froide, à la température du corps, ou bouillante jusqu'à s'évaporer, ou déjà sur le point de geler et de se changer en glace. Tantôt vous l'avalez et l'eau est dans votre corps; et tantôt vous vous plongez en elle et c'est votre corps qui est dans l'eau. Elle dort, elle bouge, elle change, elle court avec les ruisseaux, elle gronde dans les torrents, elle s'étale dans les lacs ou dans les océans et des vagues la font frémir, la tempête la bouleverse, des courants la parcourent, elle rugit et se calme. Elle est à l'image des sentiments et des passions de l'âme.

Ce serait une erreur que de prêter à l'eau, à cause de sa finesse et de sa transparence, une fragilité dont elle est loin. Rien de plus résistant que cette eau si docile et toujours si prête à s'évanouir. Là où les outils les plus puissants ne parviennent pas à atteindre, elle pénètre sans difficulté. Elle use les roches les plus dures. Elle creuse les vallées, elle isole les pierres témoins, elle transforme en îles des châteaux et des régions entières.

Elle est douce, fraîche, légère, lustrale, bénite, quotidienne, de vie, de rose, de fleur d'oranger, de cour, de toilette ou de table, thermale ou minérale, de Cologne ou de Seltz. Elle peut aussi être lourde, saumâtre, meurtrière et cruelle. Sa puissance est redoutable. Ses colères sont célèbres. Elle porte les navires qui n'existent que par elle, et elle leur inflige des naufrages qui font verser des larmes aux veuves de marins. Lorsqu'elle se présente sous forme de mur, lorsqu'elle s'avance, selon la formule des poètes et des rescapés, à la vitesse d'un cheval au galop, lorsqu'elle s'abat sur les côtes et sur les villes, elle fait surgir du passé les vieilles terreurs ancestrales.

Aussi vieille que la terre, ou plus vieille, plus largement répandue à la surface de la planète, complice des algues, des nénuphars, du plancton et du sel, fière de ses origines, consciente des services qu'elle a rendus à l'homme dont elle a longtemps abrité et nourri les ancêtres, puisque durant trois milliards et demi d'années tout ce qui vit est sous l'eau, elle considère toute matière autre qu'elle-même avec une sorte de dédain. Comme la lumière, elle est nécessaire à la vie. Supprimez l'eau, c'est le désert, la ruine, la fin de tout, la mort. II n'y a pas d'eau sur la Lune. Aussi peut-on assurer que ses paysages sont lunaires.

Jean d'Ormesson
Extrait de "Presque rien sur presque tout " ]]
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Message par nIzLa Sam 12 Déc - 12:56

Jean-Pierre Dahdah : Khalil Gibran, une biographie


(éditions Albin
Michel)



Encore un livre sur ce porteur de vérités simples. Jean-Pierre Dahdah, un des
traducteurs les plus inspirés de l'oeuvre de Khalil Gibran (1883-1931),
notamment du Prophète, et fidèle à son message "messianique", a tenté
dans cette véritable somme biographique de rendre compte de la trajectoire
fulgurante d'un homme dont le verbe retentit encore à travers le monde, porté
par son souffle spirituel inépuisable.
Amorçant son voyage au coeur même du
pays des cèdres (le Liban), Dahdah édifie le cadre dans lequel s'est épanoui la
jeunesse de Gibran, cadre antique bercé par un passé riche en légendes et où les
noms des lieux sont synonymes de beauté teintée de religiosité: El, Baal,
Adonis, Astarté, Myriam... ou vallée sainte, montagne sacrée, cèdres
millénaires, rivières écumeuses... un parcours nécessaire pour comprendre et
cerner le lexique de base de l'oeuvre de Gibran. Evoquant par la suite les
origines de son personnage, l'auteur étale les ramifications familiales,
ethniques et religieuses de son identité qui jouèrent, par leur diversité, un
rôle essentiel dans la structure de son imagination et les substrats de ses
pensées. Mais la vie de Gibran qui a puisé dans son terreau originel la matière
de son génie doit autant à son destin singulier. Dahdah, avec patience et
passion, nous conduit sur ses traces en tâchant de scruter les marques des
évènements qu'il a vécus et leur résonance dans son âme sensible: les drames du
père, les mariages de la mère, sa nativité (terme préféré à "naissance", comme
pour souligner la dimension divine du "prophète"), les jardins de l'enfance,
l'exil de la famille, les premiers pas aux Etats-Unis, le retour provisoire au
Liban, le départ pour Boston (ou la "descente aux enfers" puisqu'il perd en
l'espace d'une année environ trois membres de sa famille dont sa mère), le cycle
des protectrices ou "anges gardiens", etc. Voyageur impénitent, Gibran prenait
plaisir à épuiser son âme de sublime et son corps de labeur en intensifiant de
jour en jour sa production littéraire et artistique; l'amour, la haine, la
liberté, le destin, la vie et la mort, Dieu, les sentiments, des sujets de
portée universelle. Dahdah montre bien comment Gibran les traitait dans ses
ouvrages ou articles. La perspicacité de sa vision confortée par un style subtil
et fortement révélateur exerçaient, en ce début de siècle dominé par le
matérialisme et le nationalisme, un engouement sacré sur le lecteur de ses
écrits et le contemplateur de ses peintures. N'est-ce pas une raison pour que
toute la presse arabe se soit fait l'écho de la révolte contenue dans ses
pensées au moment où l'on assiste à l'effritement de "l'unité" géographique et
culturelle du Moyen-Orient?
En 1920, en compagnie d'une pléïade d'écrivains,
il fonde Le Cénacle de la Plume, association qui jouera par sa production
d'avant-garde un rôle déterminant dans la renaissance des Lettres arabes. Mais
le succès immédiat de son livre, Le Prophète, le met au devant de la
scène internationale. Qualifié à l'époque par le London Times de
"synthèse de tout ce qu'il y a de meilleur dans la pensée chrétienne et la
pensée bouddhiste", le nom de Gibran sera intimement lié au titre de ce chef
d'oeuvre. Dahdah, tout au long de sa biographie, relate minutieusement
l'activité gigantesque de Gibran qui lui a permis, aux dépens de sa santé
fragile, de rencontrer une bonne partie des écrivains et artistes de son temps.
Mettant l'accent sur le rapport ascétique qu'il a entretenu durant sa courte vie
avec les hornmes et les femmes d'ici-bas, l'auteur place l'itinéraire de Gibran
sous le signe de la Providence. Citoyen du monde au verbe lumineux, il mourut
jeune comme par lassitude d'un éveil qui n'a que trop duré. Mais, en attendant
"un instant, un moment de repos sur le vent, pour qu'une autre femme le porte à
nouveau en son sein", Dahdah invite son lecteur à accompagner le poète dans son
souffle.

Acceptez l'invitation.....ça vaut le détour Extraits des livres que nous aimons... - Page 9 773591
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Message par Benkad Mar 15 Déc - 11:09

Le bon vieux Zarathoustra ... toujours ...

[" ...
Partout où vous êtes, il faut toujours qu'il y ait de la boue à proximité et qu'il y ait beaucoup de choses spongieuses, caverneuses et comprimées: tout cela veut la liberté.
"Liberté", c'est ce que vous hurlez le plus volontiers, tous tant que vous êtes: mais j'ai désappris la foi dans les "grands événements" aussitôt qu'il y a autour de ceux-ci beaucoup de hurlements et de fumée.
Et crois-moi, mon ami, un bruit d'enfer! Les plus grands événements ce ne sont pas nos heures les plus bruyantes, mais nos heures les plus silencieuses.
Ce n'est pas autour des inventeurs de bruits nouveaux: c'est autour des inventeurs de valeurs nouvelles que le monde tourne; il tourne silencieusement.

...
Ainsi parlait Zarathoustra."]

dans cet excellent chapitre "De grands événements".
NIETZSCHE ... et l'histoire d'une pensée toujours d'actualité ... encore et toujours ...

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Message par belhouchet Mer 16 Déc - 0:17

"Voir souffrir fait du bien,
faire souffrir plus de bien encore -
voilà une vérité,
mais une vieille et puissante vérité capitale, humaine,
trop humaine, à quoi du reste les singes déjà souscriraient
peut-être: on raconte en effet que par l'invention de bizarres cruautés
ils annoncent déjà pleinement l'homme,
ils "préludent" pour ainsi dire à sa venue.
Sans cruauté point de réjouissance,
voilà ce que nous apprend la plus ancienne et la plus longue histoire de l'homme -
et le Châtiment aussi a de telles allures de fête!"

In Genéalogie de la Morale ---Nietzsche
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Message par Benkad Dim 20 Déc - 15:13

Salam,

Mes pensées vont vers Hamid ... à Adrar ... c'était pour lui que j'avais (re)visité Don Quichotte de Cervantès ... en le voyant se battre contre "les moulins à vent" ... puis lorsqu'on est dans le fond, on creuse ...
Don Quichote de la Manche est à lire en ... profondeur ... tant il fait transparaitre tous les possibles ...
Et savez-vous que l'héritage de Miguel Cervantès est commun à l'Espagne et à l'Algérie ?? ... Cervantès avait "humé" le vent de notre pays ...

Laissons place au chevalier ... sans plus tarder ...

[[ "En ce moment ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu'il y a dans cette plaine, et, dès que don
Quichotte les vit, il dit à son écuyer: "La fortune conduit nos affaires mieux que ne pourrait y réussir notre désir même. Regarde ami Sancho ; voilà devant nous au moins trente démesurés géants, auxquels je pense livrer bataille et ôter la vie à tous tant qu’ils sont. Avec leurs dépouilles nous commencerons à nous enrichir ; car c'est prise de bonne guerre, et c'est grandement servir Dieu que de faire disparaître si mauvaise engeance de la face de la terre. "


—Quels géants ? demanda Sancho Panza.

— Ceux que tu vois là-bas, lui répondit son maître, avec leurs grands bras, car il y en a qui les ont de presque deux lieues de long.

—Prenez donc garde, répliqua Sancho, ce que nous voyons là-bas ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui paraît leurs bras, ce sont leurs ailes, lesquelles, tournées par le vent, font tourner à leur tour la meule du moulin.

—On voit bien, répondit don Quichotte, que tu n'es pas expert en fait d’aventures : ce sont des géants, te dis-je et, si tu as peur, ôte-toi de là et va te mettre en oraison pendant que je leur livrerai une inégale et terrible bataille. "

En parlant ainsi, il donna de l’éperon à son cheval Rossinante, sans prendre garde aux avis de son écuyer Sancho, qui lui criait qu’à coup sûr c'était des moulins à vent et non des géants qu'il allait attaquer. Pour lui, il s’était si bien mis dans la tête que c'était des géants que non seulement il n'entendait point les cris de son écuyer Sancho, mais qu’il ne parvenait pas, même en
approchant tout près, à reconnaître la vérité.


Au contraire, et tout en courant, il disait à grands cris : "Ne fuyez pas lâches et viles créatures, c'est un seul chevalier qui vous attaque."

Un peu de vent s’étant alors levé, les grandes ailes de ces moulins commencèrent à se mouvoir, ce que voyant don Quichotte, il s’écria : " Quand même vous remueriez plus de bras que le géant de Briarée: vous allez me le payer. "

En disant ces mots, il se recommanda du profond de son cœur à sa dame Dulcinée, la priant de le secourir en un tel péril ; puis, bien couvert de son écu, et la lance en arrêt, il se précipita au plus grand galop de Rossinante, contre le premier moulin qui était devant lui ; mais au moment où il perçait l’aile d’un grand coup de lance, le vent la chassa avec une telle furie qu'elle mit la lance en pièces et qu’elle emporta après elle le cheval et le chevalier, qui s'en alla rouler un bon dans la poussière en fort mauvais état.

Sancho Panza accourut à son secours de tout le trot de son âne et trouva en arrivant près de lui qu'il ne pouvait plus remuer tant le coup et la chute avaient été rudes.

" Miséricorde ! » s’écria Sancho; n’avais-je pas bien dit à Votre Grâce qu’elle prît garde à ce qu’elle faisait, que ce n’était pas autre chose que des moulins à vent ? "

—Paix, paix ! ami Sancho, répondit Don Quichotte, les choses de la guerre sont plus que d'autres sujettes à des chances continuelles ; d'autant plus que je pense, que ce sage Freston, qui m'a volé les livres et mon cabinet, a changé ces géants en moulins pour m’enlever la gloire de les vaincre : tant est grande l'inimitié qu'il me porte ! Mais, en fin de compte son art maudit ne prévaudra pas contre la bonté de mon épée.

—Dieu le veuille, comme il le peut " répondit Sancho Panza ; et il aida son maître à remonter sur Rossinante qui avait les épaules à demi déboîtées.

En conversant sur l’aventure, il suivirent le chemin du Port-Lapice, parce, disait don Quichotte, comme c’est un lieu de
grand passage, on ne pouvait manquer d’y rencontrer toutes sortes d’aventures. "]]
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Message par nIzLa Mer 23 Déc - 12:58

LE LIVRE DE L'APRÈS-COPENHAGUE
NOUS, PEUPLE DERNIER

L'histoire du peuple qui réchauffa sa planète




« Le vrai miracle n’est pas de marcher sur les eaux ou de voler dans les airs : il est de marcher sur la terre. »
Houeï Neng

« L'anticipation n'est possible que grâce à la mémorisation. »
Henri Laborit

« Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens. »
Proverbe africain

Après tant de siècles à conjuguer le verbe Avoir, nous restera-t-il un peu de temps pour conjuguer le verbe Être ?
Le bouquin raconte comment, depuis Cro-Magnon jusqu’à ce jour, etnotamment au travers des conquêtes du monde par le progrès, notre
humanité est parvenue au présent état de déchéance écologique. Le texte passe en revue toutes les étapes de la connaissance, des
découvertes et des prétendues avancées qui pouvaient augurer une toute autre issue, et analyse sans complaisance l'avènement de
l'écologisme.

Peuple dernier, nous le sommes pour de bon parce que bien trop engagés sur le chemin de l'irréversibilité et que le piège se referme sur nous. Aurons-nous le temps, in extremis, de réajuster notre humanité par une totale remise en question socioculturelle, un nouveau regard par l’éducation dès le plus jeune âge, le recours à une nouvelle économie en accroissance, un devoir de partage, une consommation éco-citoyenne du juste nécessaire, le renoncement à la folie des transports injustifiables,une approche moins anthropocentriste du Vivant, enfin par l’abandon de la mythologie nataliste, la démographie formatant in fine le tout ? D'ailleurs, animés d'un orgueil sans limites, nous refusons de croire ce que nous savons !

Cette philosophie de l'échec, c'est la fin des certitudes ancrées. Les valeurs héritées des monothéismes, puis inculquées par l’humanisme béat et justifiées par un capitalisme forcené, tendent à transformer la Terre en une fosse commune. Nous n’avons plus le temps d’attendre pour enfourcher un nouveau paradigme salvateur avant que les ressources géologiques ne soient taries et que la planète,déjà sous perfusion, ne tombe en déliquescence. Notre monde est au bout du rouleau. Un effort de guerre est demandé et nous devons opter
pour un autre chemin. Mais c'est seulement pour jouer les prolongations et gagner quelques générations.

Pour la première fois dans l’histoire de l’homme, nous sommes presque 7 milliards sur cette Terre où nous n’étions même pas 3
milliards il y a 50 ans !

Pour la première fois, nous nous montrons inhumains en asservissant les animaux par d'ignobles élevages concentrationnaires,
en livrant une guerre sans merci à l'encontre des ultimes bastions de vie sauvage, jusqu'à exproprier nos cousins les Grands singes de
leurs habitats originels.

Pour la première fois, l’humain est le sombre artisan d’une phase d’extinction massive des espèces, la sixième, celles des périodes
anciennes ayant été de natures géologiques, climatiques ou évolutives, et n’illustrant alors qu’une étape dans un univers
ponctué. Dans le cas présent, il semble bien qu’il n’y aura pas de succession au Vivant que nous éliminons irréversiblement. Notre
humanité exterminatrice fait donc au jour le jour œuvre paléontologique en donnant naissance à un infini cortège de fossiles
vivants, qu’il s’agisse d’espèces défuntes par colonisation des niches ou de pans entiers d’ensembles écosystémiques.

Pour la première fois, Homo sapiens modernicus modifie le climat. C’est tout autant grandiose que consternant. Les seules
émissions de CO2 liées à l'utilisation d'énergies fossiles ont atteints 8,7 milliards de tonnes en 2008, après un bond de 29% depuis
2000 (Source : Global Carbon Project). C’est à peine si Dame Nature parvient à en récupérer la moitié (océans, forêts) et ces types de
gaz à effet de serre perdureront jusqu'à deux siècles dans l’atmosphère. Aujourd'hui, un Français émet à l'année 8 tonnes de CO2
; un Allemand : 9 tonnes ; un Nord-Américain : 21 tonnes... Un record mondial d'inconscience ! Si d'ici 2050 nous ne parvenons pas à
réduire pour n'émettre que 2 tonnes par habitant, nous serons responsables d’un réchauffement de deux degrés et nous dégraderons le
monde. On ne nous fera pas prendre des vessies pour des lanternes, le sommet de Copenhague fut un échec grandiose. Vouloir écologiser ou
moraliser le capitalisme, ce serait le tuer ! Les jeux sont faits,nous allons vers le pire. La preuve : la plupart des nations sont en
train de se suréquiper en armement.

Toutes ces « premières fois » seront aussi les dernières,puisqu’en induisant une suite de points de non-retour, de situations
en cul-de-sac, elles ne peuvent qu'engendrer concomitamment notre perte inéluctable ? Pourrons-nous vivre sans terres fertiles, sans
eau et la tête dans le four ?

C’est un effroyable scénario, un réel déshéritement de main de maître et c'est aussi l’évidence d’une vie invivable que nous allons
transmettre à nos enfants. Les pays les plus nantis survivront un temps mais ne seront même pas aptes à recevoir les hordes de réfugiés
des terres occises. Ceux qui imaginent que les choses vont continuer ainsi sont soit d'impardonnables économistes, soit de cruels
inconscients.

NOUS, PEUPLE DERNIER
L'histoire du grand hold-up
planétaire
Michel Tarrier, 448 pages, chez
L'Harmattan.
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Message par belhouchet Mer 23 Déc - 13:32

L'inévitable décolonisation horizontale
par Kamel Daoud
Extraits des livres que nous aimons... - Page 9 Spacer Depuis le «Match» du 18 novembre dernier entre l'Algérie et Le Caire capitale de l'arabité alimentaire, et depuis la vague d'insultes des médias égyptiens, beaucoup d'Algériens (sur la voix de la guérison) se sentent singulièrement légers

et presque convalescents : nous avons compris, brusquement, pour beaucoup, que nous n'étions pas «Arabes».

Pas «Arabes» au sens généalogique du terme et encore moins au sens culturel exclusif, malgré des décennies de conditionnement, de déni et de violence. Nous ne l'étions même pas au sens panarabique, ni au sens de l'histoire de chacun depuis longtemps déjà. Nous l'étions par la langue officielle, l'école, la désignation occidentale et coloniale (les arabes sur la rime de «travail d'arabe» ou sur le mode de l'Arabe de Camus). Nous l'étions parce que nous y croyons avec violence sur soi. Puis, brusquement, nous avons compris que... nous ne l'étions pas ! Que l'arabité n'est pas une nationalité : au mieux, c'est un héritage, au pire, elle peut être une maladie nombriliste comme en Egypte ou un prétexte politique pour une colonisation par les pairs. C'est une attitude face au monde et pas une nationalité fixe. Les médias égyptiens et leurs insultes nous y ont donc obligés : nous sommes «Autre». D'abord parce qu'être Arabe à leur ressemblance nous incommode violement aujourd'hui, ensuite, parce que nous avons ressenti le besoin d'être nous-mêmes puisque nous ne pouvions pas être quelqu'un d'autre que nous-mêmes. Ensuite, parce que c'était vrai : nous n'avons pas besoins d'être Arabes pour être musulmans, ni d'être musulmans pour être Algériens.

Mais ,bien des jours après avoir coupé cette corde de soumission, que l'on prenait affectueusement pour un cordon ombilical à cause du panarabisme et de la langue «sacrée», mais très morte, nous flottons, heureux mais désemparés. Tous autant que nous sommes. Avec, pour chacun, une forme et formule pour une unique question : si nous ne sommes pas Arabes, qui sommes-nous alors ? Pas Arabes, c'est sûr : se dire Arabe, aujourd'hui, ce n'est d'abord pas une nationalité, ensuite, ce n'est pas vrai, ensuite c'est presque mendier quelque chose à la porte de gens qui se croient plus Arabes les uns par rapport aux autres et qui ne veulent pas de nous, nous «casent» dans le «Maghreb», sorte de banlieue confessionnelle et de quartier périphérie du centre «Moyen-oriental».

Et, c'est pourquoi, chaque fois que je rencontre, depuis des jours, un fanatique de cette arabité présumée, cela me rappelle le colonisé aliéné de Frantz Fanon, le portrait du «malade» en mal d'émancipation, l'indigène au rêve musculaire de fuite en avant. «L'indigène est un être parqué, l'apartheid n'est qu'une modalité de la compartimentation du monde colonial. La première chose que l'indigène apprend, c'est à rester à sa place, à ne pas dépasser les limites. C'est pourquoi les rêves de l'indigène sont des rêves musculaires, des rêves d'action, des rêves agressifs. Je rêve que je saute, que je nage, que je cours, que je grimpe. Je rêve que j'éclate de rire, que je franchis le fleuve d'une enjambée, que je suis poursuivi par des meutes de voitures qui ne me rattrapent jamais. Pendant la colonisation, le colonisé n'arrête pas de se libérer entre neuf heures du soir et six heures du matin.» a écrit ce visionnaire. Etrange portrait de notre victoire sportif sur le «centre idéologique égyptien». Etrange similitude entre le rêve «musculaire» de la nouvelle Algérie et la mollesse de ses élites rêvassant encore sur l'assimilation identitaire. A relire l'oeuvre de Fanon en remplaçant (avec abus certes) négritude par algérianitude. Sauf qu'il s'agit d'une colonisation horizontale cette fois-ci. Latérale. La verticale a été celle des Français et l'oblique celle des Ottomans. L'aliéné qui vit le drame de sa peau noire avec masque blanc. A reformuler : peaux algériennes, masques «arabes».

Mais si je ne suis pas Arabe, qui suis-je alors ? Berbère ? Berbériste ? Autonomisme ? Culturaliste ? Non. Là aussi, je me sens comme une brebis capturée par un chant de sirène non comestible : je ne suis pas Arabe et je n'aime pas ceux qui se disent Amazighs à ma place et mieux que moi parce qu'ils parlent amazighs alors que moi, la colonisation horizontale m'a transformé en arabophone. Si je n'ai pas aimé être un Arabe de seconde classe, je n'aime pas aussi me sentir un Amazigh de seconde classe. Encore une fois, à cause de la langue, d'une langue mal partagée. La colonisation horizontale arabe a produit des colonisés de l'arabité, revendiquée par l'assimilé comme une constante nationale, mais a produit aussi un autre mal dérivé : des maquis de l'identité, poussés vers la montagne et le radicalisme, promptes à l'exclusion et fascinés par des retours impossibles vers des origines privatisées, folklorisées.

Pourquoi est-ce toujours au passé (numide ou «arabe») de définir mon Présent ? Pourquoi je ne peux pas me dire «Algérien» alors que j'habite l'Algérie et que je parle algérien ? Pourquoi lorsqu'on parle de l'amazighité des Algériens on tourne le regard automatiquement vers la Kabylie et pas vers le sud ou l'ouest ou le reste du pays et des Algériens ? Pourquoi je devrais avoir honte de ne pas être Kabyle et me sentir mal quand je me dis ne pas être Arabe ? Parce que la réponse était sous mes yeux et je ne l'ai pas compris : je suis Algérien et ma langue officielle est l'algérien. C'est la langue de la majorité qui n'exclut personne, contrairement aux autres langues concurrentes. Et mon algériannité est comme une parcelle de terre nouvelle : dedans, il n'y a encore ni palmiers, ni oliviers, ni contes, ni traces, ni cimetières d'ancêtres, ni signes exhumés. Mais c'est à moi. Ce n'est pas encore une langue et ses mots sont rares, difformes, venus de partout et pas encore sculptés, mais c'est moi et c'est à moi et dans ma bouche et mon corps, dans la langue de ma mère et de mes enfants. Je n'en ai pas honte et j'en suis fière. Un jour, elle s'écrira. Deux histoires pour conclure : un coopérant européen me raconta sa rencontre avec le recteur d'une université de l'ouest à qui il demanda où il pouvait apprendre l'algérien «comme on le fait en Tunisie ou au Maroc» ? Le recteur lui répondit offusqué : «mais l'algérien n'est pas une langue !!!». Ne remarquant pas que c'est une nationalité dont il a honte tout en s'en revendiquant dans son hyper-nationalisme alambiqué, adepte du «Vive l'Algérie et à bas l'Algérien» !

La seconde histoire ? Elle est heureusement plus belle et plus triste. C'est le fils de l'auteur de ces lignes qui posa la question à son père il y a deux semaines : «comment s'appelle la langue que nous parlons ?» «Quelle langue ?» j'ai intérrogé curieux. «Celle de l'école ?». «Non, m'expliqua l'enfant, notre langue de tout les jours, toi et moi, pas celle des livres et de l'école. La langue qu'on parle ?». C'est l'algérien, ta langue, j'ai répondu. Etrange crime contre soi : on désigne comme langue officielle une langue morte que nous parlons avec effort, et nous appelons une langue vulgaire, la langue de nos mères et de nos femmes, celle qu'elles utilisent pour nous consoler et que nous utilisons pour aimer, haïr, raconter, se rencontrer et qui nous rappelle nos racines et pas les turbans des autres. La décolonisation horizontale ? Elle est en marche. Elle se fera dans la douleur et la violence. Ceux qui se croient «Arabes» là où les autres pays arabes parlent leur langue, traduisent les livres dans leurs vulgates, «doublent» les dessins animés de leurs enfants dans la langue de leur pays, ces «Arabes» assimilés finiront par se réveiller : l'arabe n'est ni la nationalité de l'Islam ni une nationalité. C'est ce qu'on nous a mis dans la bouche après l'Indépendance, après des siècles de colonisation qui nous ont presque tout volé, tout détruit et qui nous ont laissés désemparés, cherchant qui mimer. Etrange trébuchement de l'identité : en voulant savoir qui nous sommes, nous sommes remontés à plus loin que la colonisation française pour retomber dans les travers d'une colonisation plus ancienne et que nous avons confondu avec notre portrait que nous renvoie notre terre.

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